Le décret qui précise le périmètre d’action de Catherine Vautrin, nouvelle ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, est à l’image de son maroquin : taille XXL. Paru le 24 janvier au Journal Officiel, le texte réglementaire confirme que les attributions de la Rémoise étaient jusque-là assumées par trois ministres : Agnès Firmin Le Bodo à la Santé et à la Prévention, Olivier Dussopt au Travail et Aurore Bergé aux Solidarités. Catherine Vautrin reprend également à son compte la famille et le handicap, qui étaient respectivement dans l’escarcelle d’Aurore Bergé et de Fadila Khattabi, dont le sort est toujours incertain.
La Sécu, espace partagé avec Bercy
Concernant la santé, la nouvelle ministre a pour mission de préparer et mettre en œuvre « la politique du gouvernement en matière de promotion de la santé, de prévention, d'organisation et d'accès aux soins ». Les « règles relatives à la politique de protection de la santé et la politique de lutte contre les inégalités de santé dès le plus jeune âge » font également partie de ses attributions, de même que la « recherche, [la] souveraineté et [la] promotion de l'innovation dans le domaine de la santé », mais « en lien avec les autres ministres compétents », ce qui laisse le jeu ouvert pour l’arrivée d’une ministre déléguée comme Agnès Pannier-Runacher. Catherine Vautrin est également « compétent[e] en matière de fonction publique hospitalière, de professions médicales, paramédicales et sociales ».
Côté Sécu, Catherine Vautrin pilote « les règles relatives aux prestations sociales et celles relatives aux régimes et à la gestion des organismes de Sécurité sociale pour l'ensemble des branches de la Sécurité sociale [maladie, retraite, famille, AT-MP et recouvrement], ainsi qu'aux régimes complémentaires ». Elle est également chargée « de la préparation de la loi de financement de la Sécurité sociale et du suivi de son exécution », mais cette tâche doit être effectuée « conjointement avec le ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique », à savoir l’omniprésent Bruno Le Maire.
Poids politique sans précédent
C’est en comparant les attributions de Catherine Vautrin avec plusieurs de ses prédécesseurs qu’on se rend compte du poids politique qu’Emmanuel Macron et Gabriel Attal ont offert à la chiraquienne, quatrième dans l’ordre protocolaire derrière Bruno Le Maire et Gérald Darmanin.
Il faut remonter à Marisol Touraine pour trouver un périmètre santé/social presque aussi touffu. La ministre de François Hollande, à la longévité exceptionnelle (2012-2017) a hérité à son arrivée avenue Duquesne d’un large maroquin couvrant les Affaires sociales (dont la retraite), la Santé, et les personnes handicapées (mais pas le Travail et l’Emploi). Elle fut alors épaulée par trois ministres déléguées. Contrairement à Catherine Vautrin, le champ de la famille et de la petite enfance lui avait échappé.
Le périmètre d’action qu’accorda Nicolas Sarkozy à Xavier Bertrand, lors de son deuxième mandat au gouvernement en tant que ministre du Travail, de l'Emploi et de la Santé (2010-2012) était particulièrement généreux. Alors escorté de Nadine Morano (ministre déléguée à l’Apprentissage et à la Formation professionnelle) et de Nora Berra (secrétaire d’État à la Santé), Xavier Bertrand se démarqua surtout par l’inventaire à la Prévert de la vingtaine d’administrations sur lesquelles il eut autorité.
En miroir de ces larges portefeuilles sociaux, le périmètre du Dr François Braun, ministre de la Santé et de la Prévention (2022-2023) paraît maigre. Son successeur Aurélien Rousseau hérita sans flonflon du même maroquin, de même qu’Agnès Firmin le Bodo. Le premier fut toutefois déporté des activités liées à son épouse Marguerite Cazeneuve, numéro 2 de la Cnam, et au groupe pharmaceutique Lilly France, codirigé par sa belle-mère. Pour la seconde, propriétaire d’une officine au Havre, un décret précisa que la profession pharmacienne n’entrait pas dans ses attributions. Ni plus, ni moins.
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