« Même s’il y a peu de chance que vous y rencontriez l’amour, en acceptant le transport médical partagé, vous aidez notre système de santé à faire des économies… » Dans une vidéo à l’esthétique digne du cinéma de Wes Anderson, une voix off ironise. Elle émane de l’Assurance-maladie, qui, ce mois de septembre, déploie une nouvelle campagne autour du bon usage du système de santé.
Intitulée « Notre système de santé, c’est aussi à chacun d’en prendre soin », cette communication, destinée aux patients, est très à propos dans un contexte global d’économies réclamé par l’État et Bercy. Déployée nationalement jusqu’à la fin du mois, cette campagne porte une « tonalité résolument humoristique et décalée » selon la Cnam, reprenant ainsi « les codes créatifs » de la précédente.
La Caisse explique qu’elle se mobilise pour encourager des « réflexes à la portée de chacun », des « bons automatismes qui contribuent à la pérennité » du système solidaire. Car les deux dispositifs mis en valeur – le recours contre tiers et le transport médical partagé – sont « encore méconnus du grand public », même s’ils sont « pourtant majoritairement acceptés », argumente la Cnam, s’appuyant par une enquête menée par BVA en juillet 2024 sur un échantillon de 2 000 Français et 301 médecins généralistes libéraux ou mixtes.
6,4 millions de patients transportés en 2023
Le sujet du transport médical partagé, qui avait été évoqué par Bercy comme source d’économie, revient dans le débat public, à quelques semaines de l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Et pour cause : en 2023, quelque 6,4 millions de patients ont été transportés. Un chiffre en augmentation de 800 000 patients supplémentaires par rapport à 2016, qui « s’explique par l’allongement de la durée de vie, l’augmentation des hospitalisations à domicile », notamment, précise la Cnam.
Cette dernière note que le transport partagé ne représente encore que 19 % des trajets réalisés par les VSL, soit moins d’1 sur 5. Pour un coût moyen de 115 euros pour un trajet en ambulance, on tombe à 61 euros en taxi et 35 euros en VSL. Pourtant, précise-t-elle, 8 Français sur 10 se disent prêts à utiliser un transport médical partagé à chaque fois que leur médecin leur prescrit un transport assis professionnalisé (TAP).
De quoi encourager à nouveau les patients à choisir ce mode de transport, après une LFSS pour 2024 qui a durci le ton sur le sujet. Désormais, les patients qui refusent une offre de transport sanitaire (véhicule sanitaire léger ou taxi conventionné) partagée avec un autre patient, sans raison médicale valable, devront faire l'avance de frais et ne seront remboursés que sur la base du prix d'un transport partagé.
Le recours contre tiers : un milliard par an
L’autre thème de la campagne porte sur la déclaration des accidents causés par autrui. « Si votre blessure est causée par un tiers, dites-le sur ameli.fr ». Ce qui permet, est-ce écrit plus bas, à la Cnam de récupérer les frais médicaux auprès de l’assurance du responsable de l’accident, soit un milliard d’euros chaque année. « Les sommes ainsi recouvrées peuvent être réinjectées dans le système de santé au bénéfice de tous », écrit la Cnam.
Tout l’intérêt de cette communication est bien d’informer la population, car 62 % des Français ignorent devoir déclarer à leur Caisse qu’ils ont été victimes d’un accident causé par quelqu’un d’autre. Pourtant, 9 sur 10 sont prêts à déclarer à leur caisse tout accident causé par quelqu’un d’autre afin de participer au bon fonctionnement du système de santé.
Une campagne 2023 qui a porté ses fruits
L’année passée, la Cnam avait déployé une campagne d’information pour promouvoir l’annulation des rendez-vous de santé ne pouvant pas être honorés, l’appel du 15 avant d’aller aux urgences et un rappel aux assurés de bien se munir de leur carte Vitale lors des rendez-vous de santé. La Caisse est renforcée dans sa stratégie de communication par les retours sur cette campagne, vue positivement par les Français.
En effet, 9 personnes sur 10 l’ont jugée utile et estiment qu’elle incite aux bons réflexes – selon une enquête BVA réalisée en novembre 2023 sur un échantillon de 2 000 Français et 301 médecins généralistes libéraux ou mixtes. Ces praticiens reconnaissent à 95 % le bien-fondé de cette campagne de sensibilisation et 86 % estiment qu’elle permet de bien montrer l’incidence des mauvais comportements sur le fonctionnement du système de santé.
54 % des médecins femmes ont été victimes de violences sexistes et sexuelles, selon une enquête de l’Ordre
Installation : quand un cabinet éphémère séduit les jeunes praticiens
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols
Le texte sur la fin de vie examiné à l'Assemblée à partir de fin janvier