La Société Française d'Etude et de Traitement de la Douleur (SFETD) a présenté mardi 17 octobre le Livre blanc de la douleur 2017, alertant sur l’insuffisante prise en charge de la douleur en France. Parmi les problèmes soulevés par ce rapport : "Au total 30% des patients douloureux chroniques reçoivent le traitement approprié et moins de 3% d'entre eux sont pris en charge dans des centres spécialisés". Autre constat : "le délai d'attente pour l'accès à une structure spécialisée dans la prise en charge de la douleur est d'environ 2 à 26 semaines".
Pour le Pr Serge Perrot, président de la SFETD, « Il est incontestable qu'au début des années 2 000, d'importants progrès ont été réalisés dans ce domaine. Mais après les trois Plans douleur qui se sont succédés, il n'y a pas eu grand-chose. » Le troisième Plan gouvernemental de lutte contre la douleur 2006-2010, financé à hauteur de 26 milions d'euros, fut le dernier du genre.
Or, il est important de travailler sur la réalité d'aujourd'hui qui a beaucoup évolué en quelques années. Avec en particulier, un manque de praticiens et le départ très prochain à la retraite de nombreux médecins spécialisés dans la douleur ; la formation des professionnels de la santé qui tend à se tarir « puisque si les étudiants en médecine avaient auparavant 20 heures de formation consacrées à la douleur et aux soins paliatifs, d'après une enquête que nous avons effectuée, cet enseignement est tombé à 4 heures dans certaines facultés de médecine ! », déplore le Pr Serge Perrot.
Beaucoup de médicaments prescrits hors AMM
La prise en charge médicamenteuse de la douleur constitue aussi une difficulté de plus en plus grande. Des produits pharmaceutiques ont été retirés ou leurs indications ont été modifiées. Par exemple, le Diantalvic® et le Propofan®, antalgiques de palier II, ont été retirtés du marché suite aux recommandations de l'Agence européenne du médicament en 2011. Par ailleurs, « les morphiniques très utiles, sont difficiles à prescrire en raison de leur différentes formulations et de leurs effets secondaires », souligne Serge Perrot. « Nous manquons aujourd'hui cruellement de produits pharmaceutiques. Si beaucoup de recherches portant sur l'animal, montraient une efficacité de certaines molécules, en passant chez l'Homme, ces effets n'ont pu être démontrés. Au final, beaucoup de laboratoires se sont désinvestis de cette recherche. Dans notre pratique quotidienne, nous prescrivons un grand nombre de médicaments hors AMM. »
Des bases solides pour avancer
Le Pr Serge Perrot, ce « livre blanc doit servir de base à une réflexion, à des échanges avec les politiques que ce soit à l’échelon local ou national ».
Neuf axes de propositions fortes sont faits pour améliorer la situation, comme un renforcement de la formation à tous les professionnels de santé à la prise en charge de la douleur ; impliquer les acteurs de premiers recours, dont les généralistes et les pharmaciens ; mais aussi consolider le rôle des centres spécialisés en leur donnant plus de moyens.
Alerte sur la prise en charge insuffisante de la #douleur. Présentation par Pr Serge Perrot du Livre blanc de la douleur 2017 pic.twitter.com/RBZ42IjH1H
— Le Généraliste (@LeGene_hebdo) 17 octobre 2017
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