À la suite de l'ouverture de la concertation sur la prévention lancée par la ministre de la Santé Agnès Buzyn et le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert, les médecins addictologues, les spécialistes de santé publique, les nutritionnistes, les hépatologues, les cancérologues proposent à leur tour 10 mesures efficaces pour protéger des risques de l'alcool.
Concertation avec la filière agricole
À l'issue de la rencontre avec la filière viticole, le communiqué commun des deux ministères indiquait : « Accueillant favorablement la volonté des professions viticoles de s’associer aux politiques publiques de prévention, les ministres entendent conduire ces discussions dans un esprit constructif et d’ouverture. » Un cadre de travail commun a ainsi été défini afin de proposer des mesures « à même d’améliorer la lutte contre les addictions et prévenir les dommages sanitaires et sociaux qui en résultent ainsi que les moyens nécessaires à leur mise en œuvre effective ». Les ministres affirment avoir « évoqué avec les organisations viticoles les objectifs majeurs en matière de prévention, au premier rang desquels la protection des personnes sensibles (femmes enceintes avec un objectif de zéro alcool pendant la grossesse, jeunes) et l’amélioration de l’impact des messages de santé publique sur les pratiques abusives ». Dans ce même communiqué, les ministres rappellent leur « attachement à un discours public de responsabilité et de sensibilisation de la population dès lors qu’il est aussi reconnu que la consommation de vin fait partie du patrimoine gastronomique français et du rayonnement des produits des territoires français à l’international ».
Une trentaine de professionnels de santé
La réponse des professionnels, qui avaient déjà interpellé le gouvernement en mars dernier, ne s'est pas fait attendre et ils ont rappelé les effets délétères de l'alcool. « Nous ne sommes pas de ceux qui contestent que l’alcool, notamment le vin, fait partie de notre paysage, qu’il participe à notre vie sociale et festive, et qu’il concourt à l’image de la France, à son patrimoine et aux bénéfices de son commerce extérieur », répondent les signataires parmi le Pr Amine Benyamina (président de la Fédération française d'addictologie, FFA), le Pr Michel Reynaud (président du Fonds action addiction), le Pr Nicolas Simon (président de l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie, ANPAA), le Dr Bernard Basset (vice-président de l'ANPAA) mais aussi le Pr Gérard Dubois (santé publique, Académie de médecine), le Pr Serge Hercberg (nutritionniste), le Pr Albert Hirsch (pneumologue), le Dr Irène Frachon (pneumologue) et l'épidémiologiste Catherine Hill auxquels se sont jointes vingt-deux autres personnalités parmi lesquels le Pr André Grimaldi, Pr Pierre Lombrail ou le Pr Dominique Maraninchi (ancien président de l’Institut national du cancer).
Les dix mesures
Parmi les 10 mesures qu'ils jugent « efficaces », ces professionnels proposent de « taxer l'alcool proportionnellement au contenu en grammes d'alcool et définir un prix minimum de vente par unité d'alcool » ; cette taxe, de même que les bénéfices réalisés par les industriels sur l'alcool, servira à abonder un fonds alcool dont la création permettra de financer la recherche. D'une manière générale, les mesures visent à améliorer l'information sur la dangerosité de l'alcool indiquant par exemple « sur les contenants la quantité en grammes d'alcool et de sucre, le nombre de calories de manière claire, lisible et contrastée ». De même, « un pictogramme clair, visible et contrasté » devra marquer la contre-indication de toute consommation aux femmes enceintes ; la mention « l’alcool est dangereux pour la santé » devra figurer de manière claire et lisible sur tout contenant et toute publicité ; les mentions du type « à consommer avec modération » devront être interdites tout comme devra l'être la publicité « conformément aux dispositions initiales de la loi Evin » et étendue à Internet et aux réseaux sociaux. Les professionnels demandent aussi une large diffusion des repères de consommation de Santé publique France et de l'INCa, que soit prise en charge la prévention, le repérage précoce, ainsi que le traitement des malades. Enfin, un rapport parlementaire devra, tous les deux ans, évaluer la mise en œuvre de ces mesures.
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