« 50 ANS APRÈS la signature de la Convention des Nations unies sur les drogues et 40 ans après que le président Nixon a décrété la guerre contre la drogue, il est urgent de réformer les politiques nationales et mondiales de contrôle des drogues », exhorte un collectif de personnalités internationales dans un rapport. D’après l’Organisation des nations unies (ONU), entre 1998 et 2008, la consommation d’opiacés a augmenté de 35,5 %, celle de cocaïne de 27 % et celle de cannabis de 8,5 %. Publié jeudi par la Commission mondiale sur la politique des drogues (Global Commission on drug Policy), ce rapport constate que « la lutte contre les drogues a échoué, avec des conséquences dévastatrices pour les individus et les sociétés du monde entier ». Les politiques répressives vis-à-vis des consommateurs de drogues ont surtout mis à mal les actions de santé publique pour réduire le nombre de cas de VIH/Sida, d’overdoses mortelles et d’autres conséquences dommageables liées à l’usage de drogues. Le tabou de la dépénalisation doit aujourd’hui être brisé, déclare le collectif de personnalités, parmi lesquelles figurent Kofi Annan (ex-secrétaire général de l’ONU), Michel Kazatchkine (directeur général du Fonds global de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme) et plusieurs anciens présidents et Premiers ministres de la Colombie, du Brésil, du Mexique ou de la Grèce.
L’exemple portugais.
Pour ces personnalités, les gouvernements auraient tout à gagner à expérimenter la légalisation de certaines drogues courantes, à commencer par le cannabis. Légaliser ce produit affaiblirait selon eux considérablement certains milieux du crime organisé et améliorerait la santé et la sécurité des citoyens. Contrairement à une idée répandue, « les initiatives de décriminalisation des drogues n’engendrent pas une augmentation significative de la consommation de drogues », souligne le rapport. Ainsi, au Portugal, premier pays européen à décriminaliser l’usage et la possession de drogues illicites depuis juillet 2001, la consommation de drogues n’est aujourd’hui pas supérieure à celle de pays où la pénalisation du consommateur reste en vigueur. De plus, l’usage de substances comme l’héroïne a même décliné depuis une décennie au Portugal, note le rapport de la Commission mondiale sur la politique des drogues.
Au lieu d’investir lourdement dans un système purement répressif des usagers, les gouvernements devraient utiliser ces sommes dans la prise en charge médicale des toxicomanes, poursuit le rapport, qui juge à ce titre primordial de considérer ces personnes comme des patients et non plus comme des criminels. Le rapport appelle enfin les Nations unies à impulser une réforme globale des politiques de lutte contre la drogue.
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