Une cirrhose peut compliquer une consommation excessive d’alcool, une hépatite virale B ou C, ou, plus récemment, un syndrome métabolique. Ce dernier déterminant de cirrhose est d’ailleurs en passe de détrôner les VHB et C. L’incidence et la prévalence des Non Alcoholic Steato-Hepatitis (NASH), des stéato-hépatites, prélude à la cirrhose, augmentent, celles-ci se développant sur un terrain alliant au moins trois de ces 5 facteurs : un diabète, une hypertension artérielle, un tour de taille augmenté, des triglycérides élevés et un cholestérol HDL abaissé. Loin derrière ce tiercé de tête, les cirrhoses auto-immunes, par surcharge en fer ou des maladies cholestatiques.
Fibrose et nodules
Une cirrhose est définie par l’association d’une fibrose (des dépôts de collagène dans la matrice extra-cellulaire) et d’une modification de l’architecture du foie (formant des nodules). Asymptomatique dans la majorité des cas, elle devient symptomatique au stade des complications. Il convient donc de la dépister sur l’interrogatoire (consommation excessive d’alcool, facteurs de risques viraux et syndrome métabolique) conforté par les analyses biologiques. « Le bilan sanguin explore les deux grands syndromes de cirrhose, décrit le Pr de Ledinghen, l’insuffisance hépatocellulaire d’une part, grâce à la bilirubinémie, l’albuminémie et le taux de prothrombine ; l’hypertension portale d’autre part, avec la NFS et des plaquettes, les deux syndromes pouvant être associés. Une échographie est indispensable qui met en évidence des signes de dysmorphie du foie (alors granuleux) et une splénomégalie en rapport avec l’hypertension portale. » Autre donnée échographique précieuse, l’absence ou non de cancer, la complication la plus redoutée, qui justifie une surveillance échographique tous les six mois si la cirrhose est avérée.
Fibroscan ou Fibrotest
Pour un diagnostic plus fin de cirrhose, on peut compter sur un examen rapide et non invasif, le Fibroscan, qui mesure la dureté du foie, et à défaut sur le Fibrotest, le résultat d’un algorithme qui prend en compte l’âge, le sexe et cinq dosages sanguins. Côté entre 0 et 1 (au stade de cirrhose), il est un reflet fidèle de l’état du foie. « Ces deux examens, le meilleur moyen de dépister une cirrhose à un stade plus précoce, où la prise en charge s’avère plus "rentable", ne sont malheureusement recommandés par la HAS que pour le bilan d’une hépatite C…, et donc non remboursés dans la plupart des cas de cirrhose », regrette le Pr de Ledinghen. Fibroscan ou fibrotest sont aussi deux excellents outils pour suivre l’évolution de la cirrhose.
La prise en charge d’une cirrhose, quelle que soit son origine, comprend le dépistage des complications, cancers du foie par l’échographie tous les 6 mois et varices œsophagiennes (dues à l’hypertension portale) par la fibroscopie. La rupture des varices peut être prévenue par des bêta-bloquants ou leur ligature par voie endoscopique.
Second volet de la prise en charge, le traitement de la cause, sur un temps limité pour l’hépatite C, parfois au très long cours en cas d’alcoolisme et de syndrome métabolique. « Lorsqu’un traitement approprié est adopté, on peut espérer une régression des lésions cirrhotiques et, avec elle, une disparition du risque de cancérisation », souligne-t-il.
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