« LE TABAC a fait environ 100 millions de morts au XXe siècle et pourrait en faire 1 milliard de plus en ce siècle, si nous n’agissons pas », alerte Ban Ki-Moon. Pour enrayer cette tendance « la convention-cadre se révèle clairement efficace pour ce qui est de protéger la santé des habitants de tous les pays qui l’ont adoptée et la font respecter », estime-t-il. Depuis 2003 et l’ouverture à la signature de la convention-cadre, 170 pays l’ont ratifié. Encore faut-il appliquer les engagements du texte.
En France, malgré, par exemple, l’entrée en vigueur en 2008 de la loi restreignant la consommation de tabac dans les lieux publics, les infractions sont multiples, comme l’illustre le dernier baromètre Tabac IFOP réalisé pour le laboratoire GlaxoSmithKline. Ainsi, « près d’un fumeur sur deux a déjà été confronté à une terrasse fermée où les gens fumaient », « un quart des fumeurs a déjà vu un bureau où l’on fumait en dépit de la loi » et « 18 % ont déjà été dans des discothèques où le patron autorisait les clients à fumer ». « En France, on dispose sur le papier de bonnes mesures pour lutter contre le tabac mais elles sont inefficaces car non appliquées, souligne le Pr Yves Martinet, président du Comité national contre le tabagisme (CNCT). L’interdiction de vente aux moins de 18 ans n’est pas appliquée par les buralistes. L’interdiction de la publicité sur les lieux de vente n’est pas respectée par 80 % des buralistes. L’interdiction de fumer dans les lieux publics n’est pas toujours respectée et n’est surtout pas contrôlée. »
Ingérence des cigarettiers.
« Actuellement en France, on est dans une situation catastrophique avec une augmentation du nombre de fumeurs. Or, ce n’est pas une fatalité. On sait ce qu’il faut faire. Il faut appliquer les recommandations de la convention-cadre de l’OMS », poursuit le Pr Martinet. À commencer par l’article 5.3 sur la protection des politiques de santé publique en matière de lutte antitabac face aux intérêts commerciaux et autres de l’industrie du tabac. « Appliquer en France cet article est fondamental pour mettre fin à l’ingérence de l’industrie du tabac et des buralistes dans les décisions de santé publique », insiste le président du CNCT. « Le tabac est perçu par le gouvernement davantage comme un produit de perception de taxes qu’un problème de santé publique, alors qu’il fait 15 fois plus de morts que les accidents de la route. Aujourd’hui, l’État est totalement défaillant dans sa mission de protection de la santé des Français vis-à-vis du tabac », renchérit le Pr Bertrand Dautzenberg, Président de l’Office français de prévention du tabagisme (OFT).
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