C’est l’histoire d’un jeu qui tourne mal. D’une déconnade à la chaîne qui valorise le binge-drinking dans sa composante la plus absurde. C’est l’histoire de la neknomination.
Importé d’Australie, le jeu consiste à se filmer en train de boire des verres d’alcool cul sec (dit « necking » en anglais) puis à nominer 3 amis pour qu’ils en fassent autant. Apparu il y a environ un mois sur les réseaux sociaux français, le jeu s’est propagé de manière étourdissante.
En quelques semaines, le succès de la neknomination était à son comble. La page facebook dédiée à la neknomination en France faisait déjà l’objet de plus de 20 000 « j’aime », à peine dix jours après sa création. Une inquiétante progression qui a alerté le ministère des Affaires sociales et de la Santé. « La neknomination représente un véritable danger, notamment pour les jeunes, population ultra-connectée et particulièrement concernée par la consommation rapide et massive d’alcool », souligne-t-il dans un communiqué daté du 19 février dernier. Le parallèle avec le binge-drinking et les conséquences aiguës que l’on connaît (troubles respiratoires voire coma éthylique) est aisé. Avec toute la gravité qui en découle : la neknomination a déjà fait 5 morts en Irlande et au Royaume-Uni, alerte le communiqué du ministère.
Prévention et réseaux sociaux
Alors que faire face au tsunami d’alcoolisations déclenchées par le phénomène ? Avant même que le ministère ne se prononce, le conseil général des Alpes Maritimes avait d’ores et déjà lancé une campagne baptisée « Stop NekNomination ». Médiatisée et diffusée sur les réseaux sociaux (#StopNekomination), la campagne a pris le parti de parler aux jeunes. Un exemple à suivre selon le Dr Laurent Karila, psychiatre et addictologue à l’Hôpital Paul Brousse et vice-président de SOS addictions. « La prévention chez les jeunes doit user des réseaux sociaux », explique-t-il. Tout simplement parce qu’il est plus facile de les sensibiliser sur leur propre terrain. Sur la même longueur d’onde, le député de l’Eure, François Loncle, a interpellé le ministère ce 25 février, quant à la nécessité de légiférer sur la consommation d’alcool sur les réseaux sociaux.
« Web vigilance »
Mais ce n’est pas seulement d’alcool dont il s’agit : « La neknomination n’est qu’un phénomène ponctuel, et son succès est en train de retomber », rassure l’addictologue. Et il est probable que d’autres phénomènes prennent la suite : « Les jeunes se sont emparés de facebook, il y a bien sûr un risque de mésusage », prévient le spécialiste. Le web serait-il le terreau fertile de « nouvelles addictions » ? Sans aucun doute. Et la neknomination n’en est qu’un exemple. D’où la nécessité de mettre en place une « web vigilance » même s’il ne faut « ni diaboliser, ni dramatiser », conclut le psychiatre-addictologue.
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