Un nouveau champ à explorer

La « troisième fumée » a-t-elle un impact ?

Publié le 09/02/2010
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Crédit photo : AFP

CETTE ODEUR de « tabac froid » que l’on sent sur les vêtements des personnes qui fument, dans leur automobile et les pièces de leur intérieur, pourrait être porteuse d’effets délétères. Cette fumée environnementale rémanente, appelée par certains « troisième fumée », ce qui est une traduction libre de l’anglais « thirdhand smoke », provient de deux courants de fumée de cigarette : celle qui est exhalée par le fumeur et celle qui s’élève du bout incandescent de la cigarette.

Or, ces deux fumées, qui ont un pouvoir adsorbant élevé, laissent en place une nicotine résiduelle qui réagit avec l’acide nitreux (HONO) présent dans l’air ambiant pour former des nitrosamines, c’est-à-dire des substances cancérigènes. Des quantités substantielles de ces nitrosamines spécifiques du tabac (NaST) ont été mesurées sur les surfaces intérieures de véhicules de fumeurs.

Des semaines et des mois.

Mohamad Sleiman et coll. confirment ces notions dans des expériences en laboratoire où ils ont utilisé la cellulose comme modèle de matériau d’intérieur où la fumée peut s’adsorber. Ils expliquent aussi avoir trouvé différents NaST correspondant à des composants de la nicotine (nornicotine, anatazine…) qui ont réagi avec l’acide nitreux. La nicotine, leur précurseur, est le composé organique le plus abondamment émis, jusqu’à 8 mg par cigarette. Elle se dépose presque entièrement sur les surfaces intérieures et peut persister pendant des semaines ou des mois.

Sleiman et coll. montrent que la conversion de ces puissants cancérogènes est rapide et qu’elle concerne environ 0,4 % de la nicotine.

« Ce processus récemment identifié représente un risque non encore mesuré via une exposition dermique ou l’inhalation de poussière ou encore l’inhalation de l’air ambiant dans un intérieur où la fumée de cigarette se dépose. »

Le remplacement des tapis du papier mural et de l’ameublement à l’intérieur des bâtiments où il y a eu un tabagisme important peut réduire l’exposition à cette « troisième fumée ». Des recherches doivent être menées pour évaluer l’exposition humaine à ces NaST et savoir si cela a des effets significatifs sur la santé.

Proc Natl Acad Sci, édition en ligne.

 BÉATRICE VUAILLE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8704