Alors que les résultats des études françaises Bacloville et Alpadir doivent être prochainement communiqués, une étude allemande randomisée contre placebo vient apporter de l’eau au moulin des défenseurs de l’efficacité du baclofène dans le traitement de l’alcoolodépendance.
Dans leur article paru dans « European Neuropsychopharmacology », le Dr Christian Müller, du département de psychiatrie de l’université de médecine de Berlin, et ses collègues, expliquent l’essai randomisé qu’ils ont mené sur 56 patients. Selon les auteurs, les résultats des précédentes études sur le baclofène divergeaient car des incertitudes persistaient sur les doses à prescrire. Ils ont donc réparti leurs patients aléatoirement entre un groupe placebo et un groupe recevant des fortes doses de baclofène : 180 mg par jour en moyenne.
Une première étude sur les fortes doses
Quatre études randomisées ont déjà été menées sur l’efficacité du baclofène, dont trois étaient positives et une négative. « C’est la première fois que nous avons une étude double aveugle qui utilise des fortes doses, précise le Pr Michel Reynaud du département de psychiatrie et d’addictologie de l’hôpital Paul Brousse, et principal investigateur de l’étude Alpadir, il est aussi important de noter qu’il n’y avait pas de corrélation entre les quantités prises et les résultats », note-t-il.
Dans le groupe traité, 68,2 % des patients étaient parvenus à connaître une période d’abstinence, une part significativement plus élevée que les 23,8 % observés dans le groupe placebo. La durée moyenne des périodes d’abstinence était également significativement plus longue dans le groupe sous baclofène : 67, 8 jours en moyenne contre 51,8. Les auteurs précisent que seulement deux patients ont dû sortir de l’étude suite à des événements indésirables.
Le baclofène au creux de la « hype » en Allemagne
L’échantillon de patients est trop petit, qui plus est, il a été recruté dans un seul centre, et la durée de suivi est trop courte, pour conclure sur l’efficacité du baclofène. Le Pr Reynaud y voit tout de même un signal : « Cela reste à prouver, mais le baclofène pourrait donc avoir un effet sur les chances d’atteindre l’abstinence. C’est intéressant car certains de nos patients ont besoin de réduire leur consommation et de maintenir des périodes d’abstinence. »
Le fait que l’étude se déroule en Allemagne est également une donnée intéressante. Le Baclofène ne bénéficie en effet pas, outre Rhin, de l’engouement médiatique qu’il connaît en France. « Les patients allemands le considèrent comme un produit neutre, précise le Pr Reynaud, l’effet placebo est donc beaucoup moins fort que celui que l’on pourrait retrouver chez nous. »
Dans ses dernières recommandations, la société française d’alcoologie a relayé le contenu de la recommandation temporaire d’utilisation du Baclofène accordée par l’agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) : commencer le traitement par un demi-comprimé de 10 mg 3 fois par jours, suivi d’une augmentation progressive des doses jusqu’à obtention d’un effet sur la réduction de la consommation d’alcool. L’avis d’un spécialiste étant recommandé à partir de 120 mg par jour.
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