Les nouvelles recommandations de la Société française d’alcoologie (SFA) qui devraient être éditées avant la fin de l’année s’attacheront, entre autres, à impliquer davantage les généralistes dans la prise en charge des personnes en souffrance avec l’alcool.
« En tant que psychiatre addictologue, mon objectif est de travailler main dans la main avec les généralistes. À la SFA, nous travaillons sur l’adaptation de nos recommandations -pour le traitement de la dépendance à l’alcool- à la médecine générale. Il est indispensable de développer l’offre de soin au cabinet du généraliste. Pour cela, il faut l’aider en lui proposant des outils d’évaluation simples et efficaces du patient alcoolo-dépendant ainsi qu’une assistance au suivi psychosocial du patient (applications smartphone, brochures...) », indique le Dr Henri-Jean Aubin, psychiatre addictologue à l’hôpital Paul Brousse (Villejuif) et président de la SFA.
La mise sur le marché de Selincro (nalmefène) - indiqué chez les patients alcoolodépendants souhaitant réduire leur consommation, sans s’engager dans l’abstinence*- confirme également cette volonté. De fait, Selincro peut être non seulement prescrit par un spécialiste (addictologue) mais aussi par le généraliste. Une décision qui a de quoi satisfaire les généralistes et en particulier, Claude Leicher. En janvier dernier, le président du syndicat MG France s’était, en effet, indigné d’une demande de la Direction Générale de la Santé visant à réserver la prescription du nalmefène aux seuls addictologues**.
Offrir des solutions adaptées à chaque patient
Dans la prise en charge du patient dépendant à l’alcool, le rôle du médecin - spécialiste et généraliste - est central. Nicolas Giraud, président de Lundbeck France le confirme : « sans le dialogue médecin/patient et le suivi psychosocial de ce dernier, Selincro ne peut être efficace. Pour pouvoir réduire durablement sa consommation d’alcool, le patient doit, en effet, avoir été sensibilisé par son médecin sur l’intérêt d’une telle démarche pour sa santé, sa vie professionnelle et personnelle. Il doit aussi bénéficier d’un accompagnement médical sur le long terme ».
Afin de favoriser la motivation, l’autonomie et le suivi régulier du patient, le laboratoire a mis en place, à la demande de l’ANSM, un plan de gestion des risques (PGR)*** particulièrement utile pour le généraliste. « Le médecin dispose d’un kit contenant un guide de mise en place et suivi du traitement et deux documents destinés aux patients, notamment un agenda de sa consommation à remplir au jour le jour », note Nicolas Giraud.
Car toute réduction de consommation d’alcool a un impact majeur en matière de santé publique et individuelle, surtout chez les personnes dépendantes dont la consommation est élevée. « En France, 92 %**** des personnes dépendantes à l’alcool ne sont pas prises en charge. Pour favoriser leur adhésion à un protocole de soin, nous devons nous efforcer de leur proposer un objectif personnalisé, qu’ils sont capable de poursuivre. L’abstinence totale ne peut être imposé à tous », conclut le Dr Aubin.
* Le nalmefène (laboratoire Lundbeck) est indiqué chez des patients dont la consommation d’alcool est supérieure à 60 g/jour pour les hommes (40 g/jour pour les femmes) ne présentant pas de symptômes physiques de sevrage et ne nécessitant pas un sevrage immédiat.
**Prise en charge de l’alcoolo-dépendance, Les généralistes défendent leur place de premiers recours, article publié dans le Quotidien du médecin, le 20/01/2014.
***Mise en place et suivi du traitement par le nalmefène, article publié dans le Quotidien du Médecin, le 6/10/2014.
****Kohn et al. The treatment gap in metal health care. Bulletin of the World Health Organization November 2004.
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