« LE TROISIÈME plan a eu un impact sur le milieu professionnel hospitalier en termes d’animation ou d’encouragement à l’innovation, mais est passé à côté de son objectif d’amélioration de la prise en charge », constate le HCSP dans son évaluation pilotée par le Dr François Bourdillon, médecin de santé publique à la Pitié-Salpêtrière (Paris). Érigée en priorité numéro 1, la prise en charge des populations les plus vulnérables restera en effet comme un échec cuisant du troisième plan douleur (2006-2010). Chez les personnes âgées, « l’effort a été très centré sur les institutions gériatriques et très peu a été fait pour les personnes âgées vivant à domicile ». Or, « 90 % des personnes de plus de 75 ans vivent à domicile et une personne sur deux se plaint de douleur », remarque le HCSP. Chez les enfants et adolescents, malgré des avancées dans la prise en charge et la prévention des douleurs aiguës, de vraies difficultés persistent pour accéder à des avis spécialisés dans le domaine de la douleur chronique. Quant aux handicapés et malades mentaux, ils ont été les oubliés du plan.
Autre priorité et autre écueil de ce plan, la structuration de la filière de soins de la douleur. Le Haut Conseil pointe l’approche « très hospitalo-centrée ». En médecine de ville, les actions soutenues par ce plan n’ont ainsi concerné que le maintien des quelques réseaux ville-hôpital existants. La structuration territoriale s’est d’abord heurtée à un manque de moyens, d’impulsion politique et à l’absence de cadrage. « À l’issue du plan, le constat est plutôt celui d’une fragilisation des structures antidouleur », commente le Haut Conseil. Si certains centres ont perdu du personnel sous la pression de restructurations hospitalières, « d’autres ne se sont jamais vus attribuer leurs crédits alors que ceux-ci ont été délégués aux établissements ». En matière de formation des professionnels, le troisième plan a permis des avancées avec l’émergence de nouveaux diplômes. Leur impact reste toutefois « tempéré par les limites qui persistent en termes de débouchés hospitaliers et de conditions d’exercice en ville des spécialistes de la douleur, à la différence du secteur des soins palliatifs ». S’agissant des traitements, le HCSP note des avancées dans la prise en charge des douleurs induites par les actes médicaux chez l’enfant et de la douleur rebelle en situation palliative avancée chez l’adulte grâce à l’usage à domicile de certaines molécules en réserve hospitalière. En revanche, « les connaissances concernant les méthodes non pharmacologiques ont peu progressé et les obstacles au développement des thérapies non médicamenteuses restent nombreux ».
Financement opaque.
Sur les 26,7 millions d’euros prévus dans le troisième plan Douleur, 21,4 millions d’euros ont finalement été engagés. Selon la direction générale de l’Offre de soins (DGOS), « le flux financier associé à la douleur est passé de 51,7 millions d’Euros en 2006 à 62,6 millions en 2009, soit une progression de 10,9 millions d’euros ». Pourtant, « les témoignages émanant du terrain font plutôt état de la diminution des postes que de la création d’emplois, ce qui laisse penser (sous réserve d’un bilan réel de l’utilisation des crédits) que cet argent a probablement été utilisé à d’autres fins au sein des établissements de santé », indique le HCSP. Malgré ce bilan très mitigé, le Haut Conseil préconise l’élaboration d’un quatrième plan douleur pour « donner un nouveau souffle aux actions entreprises » et « s’assurer de la poursuite de l’engagement des pouvoirs publics dans ce champ ».
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024