Prise en charge de l’addiction à l’alcool

Pour la première fois, des recos spécifiques pour les généralistes

Publié le 09/03/2015
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Considérés comme le « pivot du parcours de soins », les médecins généralistes vont pouvoir se référer aux nouvelles recommandations que la par la Société française d’alcoologie (SFA) vient de mettre à leur disposition.

« C’est la première fois que nous produisons des recommandations spécifiquement dédiées aux médecins généralistes, explique le Pr Henri-Jean Aubin, chef du service d’addictologie de l’hôpital Paul Brousse et président de la SFA. Nos anciennes recommandations devaient, de plus, être revues depuis lesnouvelles indications du baclofène, l’AMM du nalméfène. Plus globalement, le nouveau paradigme de la prise en charge centrée sur la réduction des risques les avait rendues obsolètes », poursuit-il.

Une pharmacopée qui s’étoffe

En tête de ses préconisations, la SFA estime que tous les médecins généralistes devraient avoir bénéficié d’une formation à l’intervention brève. Si l’intervention brève ne suffit pas, la prise en charge médicale et/ou une intervention psychosociale peuvent être envisagées. Le traitement médical est réservé aux patients ne souhaitant pas s’engager dans l’abstinence, mais peut aussi être initié afin de prévenir un syndrome de sevrage ou pour maintenir l’abstinence.

Pour tous les patients présentant un mésusage de l’alcool, la SFA préconise une prescription de vitamine B1 de 500 mg par jours pendant 1 à 3 semaines selon l’intensité de mésusage. Pour assurer un sevrage ambulatoire, un traitement de cinq jours de diazépam est proposé, avec une diminution progressive des doses. Le nalméfène est indiqué pour aider à atteindre un objectif de réduction, tandis que la naltrexone et l’acamprosate sont proposés pour le maintien de l’abstinence.

En cas d’échec du traitement, la SFA propose le recours au baclofène (pour le maintien de l’abstinence ou la réduction de la consommation) et au disulfirame (Espéral, pour le maintien de l’abstinence). La société savante respecte donc à la lettre la RTU du baclofène, dans laquelle l’agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) demande qu’il ne soit prescrit qu’en cas d’échec des autres traitements disponibles.

« Nous avons également positionné le disulfirame en seconde intention car, dans la pratique, ce médicament n’est utilisé que par les patients qui ont échoué avec les autres traitements », complète le Pr Henri-Jean Aubin. Plusieurs arbres décisionnels sont également présents dans les recommandations, basés sur le score AUDIT-C d’évaluation de la consommation d’alcool, l’objectif défini avec le patient, et la présence ou non de comorbidités.

Des médecins trop frileux

Selon le Pr Aubin, « on a le sentiment que les médecins généralistes sont encore frileux avec la question de l’addiction à l’alcool. Certains pensent qu’ils ne sont pas qualifiés pour le faire, alors que les outils à leur disposition sont beaucoup plus développés et simples qu’avant ». Selon des données non encore publiées de l’assurance-maladie, les médecins généralistes prescrivent le baclofène à des doses plus faibles que celles utilisées dans les services spécialisés. Le médicament n’a d’ailleurs été que peu sollicité, puisque seulement 5 000 dossiers de RTU ont été à ce jour remplis.

Les recommandations paraîtront le 23 mars dans le prochain numéro de la revue « Alcoologie et Addictologie », mais sont déjà consultables sur le site de la SFA.

Damien Coulomb

Source : Le Quotidien du Médecin: 9393