PLUSIEURS composants de la fumée de cigarette – nicotine, monoxyde de carbone (CO), goudron, métaux lourds, benzène, produits radioactifs (radon, polonium 210), etc. – agissent au niveau bronchopulmonaire via l’inflammation, l’atteinte des cellules ciliées, l’altération des échanges gazeux pulmonaires et alvéolocapillaires et, à terme, par l’aggravation ou le déclenchement d’un asthme induit par l’effort. Sans parler, à long terme, de la bronchite chronique obstructive (BPCO) et du cancer du poumon.
En outre, le tabagisme a des effets néfastes sur le transport de l’oxygène. « Présent dans le tabac parmi 4 000 autres produits, le monoxyde de carbone [CO] se fixe sur l’hémoglobine et qui se substitue facilement à l’oxygène, explique le Pr Jean Coudert. Chez le sportif, cet effet peut en bloquer 10 à 15 % du transport. Certains, qui fument et qui se dopent à l’érythropoïétine ignorent ce phénomène. On est dans le domaine de l’absurde ! Que dire aussi de certains confrères qui prescrivent de la nicotine comme stimulant et anxiolytique chez le sportif ! »
Au niveau cardiovasculaire, le tabac est responsable de l’élévation des pressions artérielles systémiques, avec vasoconstriction artériolaire périphérique, sous l’influence, en particulier, de la stimulation adrénergique de la nicotine ; de l’altération progressive des parois vasculaires – lésions endothéliales associées aux perturbations métaboliques lipidiques (augmentation du cholestérol libre et des lipoprotéines) ; et de l’induction d’un stress oxydant (libération accrue de radicaux libres et diminution du statut antioxydant, lié à la chute du stock de vitamine C, en particulier).
Endurance.
Le tabac diminue le pourcentage des fibres lentes, de type I (aérobie), en faveur des fibres glycolytiques de type II. Tous ces effets aboutissent à une hypoxie cellulaire avec production accrue d’acide lactique facilitant l’apparition de la fatigue et rendant plus difficile la récupération chez le sportif. La première victime sera surtout le sportif endurant, avec chute de ses performances aérobies et de sa capacité d’endurance. S’il veut atteindre le haut niveau, il sera le plus souvent un non fumeur (lire tableau). Autre exemple, D. Serraino relevait en 1988 3 % de fumeurs dans cette catégorie, contre 23 % dans les sports collectifs tels que le football.
« L’opposition entre les effets néfastes du tabac et les effets bénéfiques de l’activité physique et sportive justifie l’utilisation précoce et soutenue des programmes d’éducation physique pour prévenir le tabagisme, en particulier en milieu scolaire (F. Trudeau 1999). Les programmes d’APS individualisés, progressifs et soutenus doivent être considérés comme une aide indispensable dans le cadre du sevrage. Ils seront associés à une prise en charge psychologique et à une éducation nutritionnelle dans le but d’éviter la prise de poids, souvent observée dans de telles conditions », conclut le Pr Coudert.
Entretien avec le Pr Jean Coudert, Président du Comité Régional Auvergne contre les Maladies Respiratoires et le Tabagisme.
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