Les anti-tabac devraient dorénavant séjourner dans les établissements hôteliers qui interdisent totalement le tabagisme si l’on s’en tient aux conclusions d’une petite étude publiée dans le Tobacco Control, une publication du BMJ*.
Pour la première fois, il est montré que les interdictions partielles pratiquées par certains établissements, qui consistent à offrir des chambres fumeurs et non-fumeurs, ne protègent pas totalement les abstinents des composés cancérigènes de la nicotine.
L’enquête menée dans des hôtels californiens a consisté à comparer l’imprégnation en nicotine et dérivés de la fumée de tabac des chambres d’hôtel, fumeurs et non-fumeurs, entre établissements hôteliers effectuant cette séparation (30) et ceux interdisant totalement leur établissement aux fumeurs (10) non seulement dans les chambres mais aussi chez quelques agents volontaires qui ont accepté de dormir une nuit dans chaque établissement.
Tabagisme tertiaire
La fumée de cigarette renferme en effet des composés cancérigènes qui stagnent dans l’air intérieur et se déposent dans les tissus et à la surface des meubles. C’est ce que l’on a appelé le tabagisme tertiaire (thirdhand smoke ; THS) ou fumée de tabac résiduelle ou fumée de tabac vieillie : il inclut des substances toxiques contenues dans la fumée de tabac qui subsistent après que le fumeur a éteint sa cigarette, son cigare ou sa pipe, comme la nicotine ou le 3-éthénylpyridine (3-EP).
Dans cette étude, la concentration aérienne en 3EP (3 éthynylpyridine) dans l’air était de 63,6 ng/m3 dans les chambres fumeurs, soit environ 10 fois plus élevée que dans les chambres voisines non-fumeurs, et 75 fois plus élevée que dans les chambres d’hôtel avec interdiction totale de fumer.
Des prélèvements d’urine et des tests cutanés au doigt mesurant pour les premiers la cotinine, et pour les seconds, la nicotine et le 3EP, ont été effectués sur les agents non-fumeurs qui se sont prêtés à l’expérience.
Les résultats montrent que le fait d’avoir séjourné dans une chambre non-fumeur ne protège pas totalement des dérivés cancérigènes. Les concentrations en dérivés 3EP au bout des doigts sont plus élevées après une nuit dans une chambre non-fumeur d’un établissement avec interdiction partielle par rapport à une chambre d’un hôtel avec interdiction totale.
Selon les résultats de cette petite expérience, l’interdiction partielle du tabac ne protège pas de la pollution tabagique : les chambres non-fumeurs ont des concentrations en dérivés nicotiniques sur les surfaces et dans l’air, plus élevées que les chambres des hôtels qui interdisent totalement l’accès aux fumeurs.
Cette contamination dite tertiaire n’est pas circonscrites aux chambres mais se retrouvent dans les halls d’entrée, sur les fenêtres et dans les systèmes de ventilation et les conduits communs. Quant aux chambres fumeurs, elles ont bien sûr les concentrations en dérivés les plus élevées, semblables à ceux des domiciles privés d’authentiques fumeurs.
Thirdhandsmoke and exposure in California Hotels : non smoking rooms fails to protect non-smoking hotel guests from tobacco smoke exposure. Tob Control 2013 ; 0:1-9
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