LE TERME « hard-core smokers » désigne les fumeurs qui veulent s’arrêter mais qui ne le peuvent pas et ceux qui n’ont pas la volonté apparente de le faire : deux groupes d’individus bien distincts.
Celui qui n’a pas l’intention de s’arrêter est le plus souvent un homme (s’il s’agit d’une femme, elle est encore plus résistante et déterminée) ; de formation peu élevée ; il vit généralement seul et est le plus souvent sans activité professionnelle ; il a commencé à fumer très jeune et fume quotidiennement ; c’est un gros consommateur, fortement dépendant, bien qu’il se croie moins dépendant que les autres ; il est moins sensible aux réglementations anti-tabac et il consomme moins de soins, médicaux et dentaires. « Leur proportion augmente avec l’âge, souligne le Dr Jean Perriot (Clermont-Ferrand). On peut logiquement s’interroger sur l’existence de facteurs influençant la capacité à devenir un fumeur endurci. Il faut les distinguer des gros fumeurs dépendants, qui veulent arrêter de fumer mais qui en sont incapables ». Ceux-là présentent généralement des troubles anxiodépressifs avec polyconsommation (alcool, cannabis, médicaments...); ils ont des pathologies liées au tabac, sont souvent en situation de précarité et porteurs de troubles psychiatriques et du comportement alimentaire.
Ces deux groupes se retrouvent dans les consultations de tabacologie. « C’est pourquoi, précise le Dr Perriot, on parle désormais de"fumeur difficile". Difficile par ses difficultés à arrêter, et difficile par sa prise en charge. Cela laisse parfaitement apparaître que le tabagisme est une maladie chronique récidivante. Cette notion est mal perçue par les pouvoirs publics, qui n’arrivent pas à mettre à la disposition des fumeurs et de ceux qui les prennent en charge les moyens de les traiter correctement ».
Dans de nombreux pays – notamment en Angleterre et en Scandinavie – le niveau de tabagisme a régressé chez tous les types de consommateurs : grâce aux réglementations et hausses de prix mais aussi avec des moyens (remboursements conséquents, y compris d’associations, et Recherche). « Ces cinq dernières années, la lutte contre le tabagisme en France a marqué un temps d’arrêt, déplore le Dr Perriot. Il faut poursuivre la lutte de plusieurs façons : en renforçant la politique de contrôle du tabac ; en optimisant la prise en charge des fumeurs en échec dans l’arrêt (par la formation des acteurs et l’organisation des soins en addictologie) ; en développant la recherche en tabacologie (sur les mécanismes de l’addiction et les moyens d’aide à l’arrêt) ; en établissant des programmes spécifiques (information, prévention et sevrage) à certaines populations de fumeurs difficiles (précaires) ; et enfin en recourant à la stratégie de réduction des risques. »
Entretien avec le Dr Jean Perriot, Dispensaire Emile Roux, Clermont-Ferrand
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024