Des chercheurs français découvrent que le cerveau produit de la prégnénolone en réponse à la présence du THC (principe actif du cannabis), ce qui contrecarre certains effets néfastes sur la cognition et la motivation. Ils ont déjà entrepris de développer des approches pour le traitement de l’addiction au cannabis.
Les observations présentées dans Science par Pier Vincenzo Piazza et Giovanni Marsicano (Inserm U862, Bordeaux) sont réalisées chez l’animal et sur des cultures cellulaires. Les auteurs envisagent maintenant de les transposer chez les humains.
30% des 16-24 ans consomment du cannabis
La consommation du cannabis touche une population particulièrement vulnérable à ses effets néfastes, les 16-24 ans, dont 30 % des sujets en consomment. Les études ont montré les dangers d’une consommation régulière, avec deux troubles majeurs du comportement : des déficits cognitifs (troubles de la mémoire) et une perte accentuée de la motivation. Ce qui est à même de compliquer l’intégration sociale des jeunes gens. Le tétrahydrocannabinol (principe actif) agit sur le cerveau en se fixant sur les récepteurs CB1 cannabinoïdes situés sur les neurones. Le THC les détourne de leur rôle physiologique : régulation de la prise alimentaire, du métabolisme, action sur les processus cognitifs et sur le plaisir.
C’est la sur-stimulation des CB1 par le THC qui entraîne une réduction de la mémoire, la démotivation et progressivement la dépendance.
Ces chercheurs observent aussi que l’activation des récepteurs CB1 par le THC, déclenche la synthèse de prégnénolone, qui se fixe sur un autre site des mêmes récepteurs CB1 et diminue certains effets du THC, voire, expérimentalement chez la souris, les abolit. La prégnénolone (précurseur des hormones stéroïdes) est produite localement au niveau du cerveau.
Des essais cliniques envisagés
Les chercheurs observent aussi qu’en bloquant la synthèse de prégnénolone, on obtient une augmentation des effets du THC. Et en augmentant le niveau cérébral de cette molécule, les chercheurs parviennent à bloquer les effets néfastes du cannabis, en particulier sur les cognitions et le comportement des animaux.
Des tests menés sur des cellules en culture porteuses de récepteurs CB1 humains confirment l’efficacité de la prégnénolone pour contrer l’action moléculaire du THC, faisant envisager cette voie pour un traitement chez les humains.
Les auteurs n’envisagent pas l’utilisation thérapeutique directe de la prégnénolone « mal absorbée et rapidement métabolisée par l’organisme ». Mais ils mettent au point des dérivés de la prégnénolone plus stables et mieux absorbés et qui sont en principe utilisables comme médicaments. Et ils prévoient de passer à l’étape des essais cliniques dès que possible.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024