Dans le cadre du congrès de la Société française d’étude et traitement de la douleur (SFETD), du 22 au 24 novembre, experts et cliniciens ont fait le point sur les connaissances actuelles en matière de prise en charge du patient de l'enfance à la fin de vie.
Au moins 12 millions de Français souffrent de douleurs chroniques. Plus d'un tiers expriment une douleur quotidienne depuis plus de trois mois et deux patients sur trois ne sont pas soulagés par leur traitement. Face à ce constat, la SFETD, dont l'une des missions est de mettre en lumière la recherche scientifique, a axé son congrès annuel sur la prise en charge de la douleur, tout au long de la vie.
26 centres référents pour les douleurs de l'endométriose
Très impliquée chez l'enfant, l'association participe à différents groupes de travail - via sa commission douleur pédiatrique (ComPédia) et co-produit des recommandations avec les autorités de santé. Chez l'adolescente, elle travaille spécifiquement sur la douleur de l'endométriose qui touche au moins une femme sur 10 en âge de procréer.
« Certaines développent des douleurs invalidantes et voient leur qualité de vie altérée du fait de la chronicisation de ces dernières. Cela nécessite une prise en charge pluridisciplinaire, en lien avec le médecin traitant et le gynécologue, comme les autres douleurs chroniques complexes d’autres origines », indique la Dr Marguerite d’Ussel, algologue au centre de la douleur de l’hôpital Paris Saint-Joseph, secrétaire générale adjointe de la SFETD.
Depuis 2023 et la nouvelle labellisation des structures douleurs chroniques, 26 d’entre elles ont été notifiées comme référentes dans les douleurs de l’endométriose, du fait de leur expérience et de leur appartenance à une filière régionale mise en place dans le cadre de la stratégie nationale de lutte contre l’endométriose. Dans ce contexte, la SFETD a été sollicitée pour participer à l'élaboration des futures recommandations sur la prise en charge de la douleur de l'endométriose.
Maladies rares, cannabis et fin de vie
Chez l'adulte, l'association est également engagée dans les douleurs liées aux maladies rares. « Trois millions de Français sont concernés, sans oublier leurs familles. Certaines génèrent des douleurs de mécanismes complexes exigeant des traitements spécifiques, parfois maîtrisés par les seules structures de la douleur chronique (SDC). La SFETD s'est associée à l'élaboration du futur Plan Maladies rares. Nous sommes en train de sélectionner des experts pour les associer à cette réflexion pour améliorer la qualité de vie des patients », affirme le Pr Éric Serra, psychiatre et médecin de la douleur (CHU d'Amiens), vice-président de la SFETD.
Autre cheval de bataille de l'association : le cannabis thérapeutique. La SFETD, à travers ses structures douleurs et son groupe de travail, s'est engagée dans l'expérimentation mise en place par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Celle-ci ne vise pas à valider l’efficacité du cannabis dans la douleur neuropathique mais montre qu’un circuit de prescription reposant initialement sur les structures douleurs est faisable.
« Le cannabis thérapeutique pourrait être proposé aux patients douloureux réfractaires avec une balance bénéfice/risque plutôt favorable. D’autres études devront préciser la posologie, le ratio CBD/THC optimal et le profil de patient répondeur », assure la Pr Valeria Martinez, anesthésiste-réanimateur (hôpital Raymond-Poincaré, Garches), présidente de la SFETD.
Enfin, concernant la douleur en fin de vie, la SFETD et les SDC apportent leur expertise dans la maîtrise des médicaments antalgiques spécifiques et irremplaçables, mais aussi dans les recommandations concernant les interventions non médicamenteuses. La SFETD contribue au projet de loi intégrant la future stratégie décennale sur « soins palliatifs, prise en charge de la douleur et accompagnement de la fin de vie ».
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?