L'efficacité de la désensibilisation ou immunothérapie allergénique est très bien documentée pour les allergies aux acariens et aux pollens.
« Elle l'est un peu moins pour les allergies aux poils d'animaux, mais la pratique courante montre qu'elle est également efficace dans ces situations », explique le Dr Amandine Vial-Dupuy, pneumo-allergologue à l'hôpital Saint-Joseph (Paris). Elle peut être pratiquée chez les enfants à partir de l'âge de 5 ans. La désensibilisation est préconisée dans l'asthme persistant léger à modéré d'origine allergique et dans la rhinite allergique modérée à sévère non contrôlés par les traitements symptomatiques. Il a été montré qu'elle modifiait l'histoire naturelle de la maladie allergique en réduisant le risque de survenue de nouvelles sensibilisations et en diminuant le risque d'apparition de l'asthme chez des enfants présentant une rhinite allergique. « C'est une des raisons qui plaide en faveur d'une prise en charge précoce des enfants avant que l'allergie n'ait évolué vers plusieurs composants de l'environnement », explique le Dr Amandine Vial-Dupuy. Chez l'asthmatique allergique aux acariens, elle permet de réduire le risque d'exacerbations et la dose quotidienne de corticoïdes inhalés nécessaires au contrôle de l'asthme. La voie injectable, la plus ancienne, est contraignante et est de moins en moins utilisée. Elle nécessite de nombreuses consultations médicales, des injections sous cutanées fréquentes et elle est associée à un risque de choc anaphylactique.
L'essor de la voie sublinguale
La voie sublinguale, plus récente peut être proposée pour la plupart des pneumallergènes. Elle diminue le risque d'effets secondaires graves et se fait à domicile. « Elle est beaucoup plus pratique et bien mieux acceptée notamment chez les enfants qui redoutent les piqûres », ajoute le Dr Vial-Dupuy. Elle se présente sous forme de gouttes pour traiter les allergies aux acariens, aux pollens d'arbres, aux moisissures (Alternaria alternata) et aux poils d'animaux et sous forme de comprimés pour les allergies aux graminées. Des comprimés de désensibilisation aux acariens devraient être prochainement disponibles. Pour les allergies aux pollens, la posologie est d'une prise quotidienne sous la langue 3 mois avant la saison, puis toute la saison pendant 3 à 5 saisons. Les allergies per-annuelles sont, quant à elles, traitées toute l'année. La désensibilisation se caractérise par un effet rémanent, avec persistance de l'efficacité du traitement plusieurs années après son arrêt.
Les protocoles d'induction de tolérance
Des protocoles d'induction de tolérance orale peuvent être proposés à l'hôpital pour des allergies alimentaires, si l'aliment en cause est fréquemment consommé comme l'œuf et le lait ou s'il est susceptible de déclencher une réaction très sévère à très faible dose comme l'arachide. Il en est de même en cas d'allergie médicamenteuse après avoir prouvé que le médicament est bien responsable de la réaction. « En fait, cela reste rare car souvent l'allergie médicamenteuse est diagnostiquée par excès. 9 fois sur 10, les patients étiquetés allergiques à un médicament ne le sont pas et dans le cas où l'allergie est confirmée le plus souvent, il existe une solution alternative », souligne le Dr Amandine Vial-Dupuy. L'induction de tolérance n'est envisagée que lorsque le médicament incriminé est indispensable pour le traitement de la maladie en cause et qu'il n'existe pas d'alternatives satisfaisantes. Elle est pratiquée en milieu hospitalier, dans le cas par exemple d'une allergie à l'aspirine chez un patient devant en prendre tous les jours en prévention cardiovasculaire. Le malade prend sous surveillance médicale des doses progressivement croissantes du médicament en cause. Une fois la dose thérapeutique atteinte, elle doit être maintenue de manière quotidienne. Sinon dès l'arrêt du médicament, le patient revient à son état antérieur d'hypersensibilité. « On le fait très peu pour les antibiotiques car il existe des alternatives. Cela arrive parfois pour des chimiothérapies ou des biothérapies », conclut le Dr Vial-Dupuy.
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