Chance accrue de rémission, recul du risque de récidive, amélioration de la qualité de vie et baisse des effets associés aux traitements… Les bienfaits de l’activité physique adaptée (APA) chez les patients atteints de cancer sont connus et documentés. À l’Institut Curie, près de 3 000 patients ont ainsi été accompagnés depuis 2011, se félicite le Pr Steven Le Gouill, directeur de l’Ensemble hospitalier de l’Institut Curie, à l’occasion de la journée internationale du sport au service du développement et de la paix, le 6 avril.
Rugby, escrime, aviron, marche nordique… Plusieurs associations sportives, partenaires du dispositif, déclinent leurs activités sous forme d’APA avec des coachs spécialement formés. Marie-Pierre, ancienne patiente de l’Institut Curie qui a démarré la pratique de l’aviron « adapté » en même temps que son traitement, évoque des bénéfices plus difficilement quantifiables. « C’est un moment d’évasion », rapporte-t-elle. L’aviron réclame une certaine coordination et cette concentration sur les mouvements permet de « se vider la tête ». C’est aussi une « rencontre avec des pairs hors de l’hôpital », ce qui évite de longues explications sur la fatigue ressentie : « pas besoin d’en parler, on se comprend », explique celle qui se décrit comme une ancienne « work addict » et qui a retrouvé « un goût et un sens de l’existence ».
Une « participation active au traitement »
Reconnue comme une thérapeutique non médicamenteuse par la Haute Autorité de santé (HAS) en juillet 2022, l’APA tient une place croissante dans les parcours proposés à Curie, aussi parce qu’elle permet de « rompre l’isolement » et une « participation active au traitement », atténuant le stress et l’angoisse, souligne le Pr Le Gouill.
Alors que de nombreux patients ne sont pas informés des bénéfices de l’APA pendant et après les traitements, l’Institut a récemment consolidé son dispositif avec le recrutement de deux enseignants APA chargés de « renforcer la proximité avec les malades ». « Nous faisons entrer un professionnel du sport dans l’univers du soin, c’est assez inédit », souligne la Pr Carole Bouleuc, cheffe du département de soins de support.
Des conférences sont proposées tous les mois en présentiel et en visio pour « expliquer » le dispositif et ses bienfaits, et « motiver les patients ». Pour ceux qui n’ont pas de culture sportive, un programme « starter » a été mis en place sur trois mois. Il comprend un bilan initial, 10 séances d’APA et un bilan final. Les séances collectives sont « importantes pour insuffler une dynamique et un soutien mutuel », assure la Pr Bouleuc. Ce programme « passerelle » a permis d’initier 700 personnes à l’APA en 2023.
Une offre étoffée de soins de support
L’Institut Curie a également étoffé son offre de soins de support pour les patients atteints de cancer. À ses programmes d’APA s’ajoute une prise en charge nutritionnelle. Depuis quatre ans, les patients souffrant de cancers thoraciques ou digestifs métastatiques, adressés par leur oncologue et en cours de traitement, bénéficient de cette prise en charge pluridisciplinaire (médecin, diététicien, enseignant APA, kinésithérapeute) en ambulatoire. Avec ce parcours personnalisé, « il s’agit d’éviter la perte de poids, de guider le patient vers de meilleurs comportements afin de l’aider à mieux supporter les traitements et à améliorer sa qualité de vie », explique le Dr Timothée Marchal, médecin de soins de support spécialisé en nutrition, référent médical de la plateforme APA.
Plus récemment, un programme spécifique est proposé aux patients atteints de cancers ORL. L’aide est « nutritionnelle et fonctionnelle », indique le Dr Marchal. En amont du traitement, le kinésithérapeute peut « travailler sur les capacités de mastication et de déglutition » des patients pour lesquels l’association de chimiothérapie et radiothérapie entrave l’aptitude à s’alimenter normalement. Le suivi se poursuit jusqu’à 5 à 6 semaines après le traitement pour la récupération. Un programme pilote (de pré-habilitation), associant nutrition et APA, est également déployé pour les patients atteints de cancer digestifs opérables (pancréas et œsogastriques).
« Derrière tous ces parcours dédiés, il y a la notion de médecine préventive. Pouvoir agir précocement, c’est faire en sorte que les patients récupèrent mieux, plus vite, qu’il y ait moins de complications… et dans cette prise en charge, l’APA, la nutrition et les soins de support sont de véritables piliers », résume le Dr Marchal.
Un partenariat entre Unicancer et l’association Cami Sport & Cancer
Pour renforcer la place de l’activité physique adaptée (APA) dans les parcours des patients atteints de cancers, Unicancer et l’association Cami Sport & Cancer ont signé un partenariat en février dernier. Cette collaboration devrait déboucher sur un Mooc à destination des soignants sur la prescription, réalisé avec l’École des sciences du cancer de Gustave-Roussy, mais aussi sur des événements et un partage d’expertise.
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