Dans The Lancet, l’équipe française de Michel Bolla et coll. (CHU A. Michalon, Grenoble) rapporte les résultats à long terme de l’étude européenne EORTC 22911, randomisée et multicentrique, menée pour évaluer une irradiation post-opératoire immédiate après une prostatectomie, chez des hommes ayant un cancer localement évolué ou à haut risque. Cette radiothérapie immédiate du lit de la tumorectomie est évaluée versus une attitude attentiste.
Une amélioration de la survie sans progression.
Un total de 1 005 patients ont été randomisés. Ce sont des patients ayant une maladie au stade T2-T3 avec une extension extracapsulaire, une invasion des vésicules séminales ou des marges chirurgicales positives. L’étude a atteint son critère principal d’évaluation, en montrant que l’irradiation postopératoire améliore la survie sans progression attestée biologiquement sur les PSA (RR de 0,49), par rapport à l’attitude du « wait and see ». Ce résultat est obtenu sans qu’il y ait de différence significative en matière de toxicité.
Les patients qui ont reçu l’irradiation post-opératoire ont également bénéficié d’un meilleur contrôle loco-régional comparativement au groupe sous observation (RR : 0,45). Enfin, ils ont été moins nombreux à devoir recevoir une hormonothérapie pour une progression de la maladie.
La survie sans progression clinique est également améliorée par la radiothérapie postopératoire immédiate, toutefois, cette amélioration ne demeure pas significative après une médiane de suivi de 10,6 ans (RR 0,81).
Les métastases à distance ainsi que la survie totale ne sont pas très différentes entre les deux groupes.
Sujets jeunes et marges positives.
Les analyses par sous-groupes suggèrent que les patients ayant des marges positives ainsi que ceux âgés de moins de 70 ans, constituent les groupes à même de tirer le meilleur bénéfice de la radiothérapie post-opératoire.
« Ces résultats à long terme nous rassurent sur les bénéfices prolongés et la sécurité de l’irradiation après prostatectomie pour une grande proportion des hommes ayant un cancer de la prostate localement avancé ou à haut risque », conclut Michel Bolla. « Ils suggèrent aussi que les patients les plus jeunes et ceux aux marges chirurgicales positives ont la meilleure probabilité de tirer bénéfice de la radiothérapie immédiate, alors qu’après 70 ans, cela pourrait même être délétère. »
Les 1 005 patients ont été suivis pendant plus de 10 ans et la radiothérapie a été appliquée dans le délai des 4 mois qui ont suivi la chirurgie. Par contraste avec des résultats initiaux à 5 ans, la survie sans progression clinique (où la maladie ne s’est pas disséminée à d’autres sites) n’apparaît pas améliorée significativement par l’irradiation immédiate après 10 ans. Cette radiothérapie n’a pas eu d’effets sur le taux de survenue à 10 ans de métastases, ni sur la survie totale.
Jason Efstathiou (Massachusetts General Hospital, Boston), dans un commentaire associé à la publication interroge : y a-t-il assez de preuves pour savoir qui peut ou non recevoir une radiothérapie après la chirurgie et quel est le moment optimal où commencer le traitement ? « Finalement, la décision de faire ce traitement a besoin d’une contribution multidisciplinaire. Une équipe uro-oncologique (chirurgiens, médecins et radiothérapeutes) et le patient doivent discuter l’option" estiment les auteurs.
The Lancet, 19 octobre 2012. http://dx.doi.org/10.1016/S0140-6736(12)61253-7.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024