Le cancer du poumon est responsable en France de 33 000 décès annuels, et 46 000 nouveaux cas sont détectés chaque année. Le diagnostic intervient « trop souvent à un stade avancé de la maladie, réduisant les chances de survie », souligne le Dr David Boulate, chirurgien thoracique à l’hôpital Nord de Marseille (AP-HM), membre du Collectif Ensemble, nous poumons (regroupement de professionnels de santé et de représentants de patients, soutenu par AstraZeneca).
À côté du sevrage tabagique, un dépistage des fumeurs et anciens fumeurs par scanner thoracique faible dose permettrait pourtant de réduire la mortalité grâce à une prise en charge précoce. Deux grandes études, NSLT aux États-Unis et Nelson en Europe, ont en effet quantifié le recul de la mortalité par cancer du poumon obtenu par un dépistage des sujets à risque. Depuis ces publications, de nombreux acteurs du soin réclament le déploiement d’un programme de dépistage organisé.
Un cadre commun
La Haute Autorité de santé (HAS) s’est d’abord prononcée contre, en 2016, avant de revoir sa copie en février 2022 et d'ouvrir la voie à des expérimentations. Dans la foulée, en avril 2022, l’Institut national du cancer (Inca) a entamé l’élaboration d’un programme pilote dans le cadre de sa stratégie décennale. Ce travail ne devrait pas aboutir à un dépistage généralisé « avant 2030 », anticipe le Dr Boulate. En Europe, le programme Solace doit fournir à l'avenir une « boîte à outils » aux États membres pour la mise en place de leurs programmes.
En attendant le coup d'envoi d’un dépistage national, plusieurs expérimentations ont été lancées en France à partir des bonnes pratiques recommandées par les sociétés savantes : un dépistage ciblé sur les 50-74 ans présentant un tabagisme de plus de 10 cigarettes par jour pendant plus de 30 ans ou plus de 15 cigarettes par jour pendant plus de 25 ans avec un tabagisme actif ou sevré depuis moins de 10 ans.
Dans la Somme, une première étude française a montré la faisabilité et le bénéfice d’un dépistage organisé. Les résultats finaux ont été présentés cette année par son initiateur, le Dr Olivier Leleu (Amiens), mais ils n’ont pas exploré les modalités de participation qui permettent la meilleure adhésion.
Des bénéfices plus larges
Les expérimentations en cours explorent justement des modalités possibles de déploiement : orientation des patients à risque par les services de cardiologie (projet Prevalung depuis 2019 à l’hôpital Marie-Lannelongue, Plessis-Robinson) ; création d'un parcours dédié (Prevalung Étoile depuis 2022 à l’AP-HM) ; mobilisation des généralistes (DEP KP80 dans la Somme et Acapulco en Corse) ; ou encore un camion scanner itinérant pour atteindre les populations défavorisées (Mob’Ilyad en Auvergne-Rhône-Alpes prévu pour 2024).
Certains des projets lancés ne sont pas seulement centrés sur le cancer du poumon mais intègrent l’ensemble des pathologies liées au tabac. Pour les populations ciblées, le scanner thoracique faible dose sans injection permet « de déterminer l’absence ou la présence d’un nodule et sa nature (bénin, indéterminé, dépistage positif) mais également d’analyser le parenchyme pulmonaire (emphysème), les coronaires (calcifications), l’aorte ascendante, la plèvre ou encore la densité osseuse », détaille le collectif Ensemble, nous poumons. C’est notamment l’approche adoptée par l’hôpital Foch avec un programme complet dédié aux maladies cardiorespiratoires à partir du scanner thoracique à faible dose.
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