L'immunothérapie en péri-opératoire marque des points dans le cancer du poumon au congrès 2023 de l'European Society of Medical Oncology (Esmo), qui se tient à Madrid du 20 au 24 octobre. Cette stratégie diminue le risque de récidive, de progression et de décès.
L'équipe du Centre du cancer Anderson (université du Texas) a présenté les résultats positifs de l'essai de phase 3 CheckMate 77T, qui compare la chimiothérapie néoadjuvante seule à l'anti-PD-1 nivolumab avant et après la chirurgie en association à la chimiothérapie néoadjuvante dans le cancer bronchique non à petites cellules (CBNPC) résécable.
Cette étude s'inscrit à la suite du succès de l'association adjuvante chimiothérapie + nivolumab testée dans CheckMate 816, qui avait conduit en 2022 à l'autorisation de l'anti-PD-1 en adjuvant dans le CBNPC résécable aux États-Unis et en Europe. Cette série d'études est menée avec le soutien de Bristol Myers Squibb.
Bénéfice limité de la chimiothérapie adjuvante seule
Environ 30 % des patients ayant un CBPC ont une tumeur résécable. Bien que beaucoup de ces patients puissent être traités par chirurgie seule, plus de la moitié vont présenter une récidive en l'absence de traitement complémentaire. La chimiothérapie avant ou après la chirurgie n'offre qu'un bénéfice minimal sur la survie.
L'essai randomisé en double aveugle CheckMate 77T, qui a commencé en 2019, a inclus plus de 450 patients adultes avec CBPC dans le monde. Les patients étaient répartis au hasard soit dans le groupe chimiothérapie + nivolumab en néoadjuvant avec chirurgie + nivolumab en adjuvant, soit dans le groupe chimiothérapie néoadjuvante + placebo avec chirurgie + placebo.
Immunothérapie adjuvante ou périopératoire ?
Avec un suivi médian de 25,4 mois, la survie sans progression avec la chimiothérapie seule était de 18,4 mois, alors qu'elle n'a pas été atteinte chez les patients traités par le nivolumab en péri-opératoire. Ce qui correspond à une réduction de 42 % du risque de progression, récidive ou décès. De plus, le groupe nivolumab en péri-opératoire a présenté des taux plus élevés de réponse complète pathologique (absence de tumeur restante après chirurgie) par rapport au groupe chimiothérapie seule (25,3 % versus 4,7 %).
« Ces résultats renforcent les preuves que la voie de l'immunothérapie péri-opératoire offre aux patients la possibilité de vivre plus longtemps sans récidive », explique la Dr Tina Cascone, oncologue médicale investigatrice principale. Avant d'ajouter : « À l'avenir, il sera déterminant d'identifier les caractéristiques du patient et de la maladie qui permettraient de savoir quand traiter par immunothérapie néoadjuvante seule et quand par des stratégies intensifiées. »
Un anticorps bispécifique dans une forme rare de cancer du poumon
L'amivantamab, associé à la chimiothérapie, augmente la survie (11,4 mois contre 6,7 mois avec chimiothérapie seule) et réduit de plus de 60 % le risque de progression de la maladie dans le CBNPC avec mutation du facteur de croissance épidermique (EGFR) par insertion dans l'exon 20.
Tels sont les résultats de l'étude internationale Papillon (phase 3 randomisée), qui ont été présentés en session présidentielle lors du congrès par le Pr Nicolas Girard, chef du département d'oncologie médicale à l'Institut Curie et investigateur principal. Ces travaux font également l'objet d'une publication concomitante dans The New England Journal of Medicine.
Lancée en 2021, c'est la première fois qu'un anticorps bispécifique est testé dans le cancer du poumon. En reconnaissant deux sites sur les cellules cancéreuses (EGFR et c-MET, deux récepteurs fréquemment exprimés dans le poumon), l'amivantamab agit sur les voies de signalisation intracellulaire et facilite la destruction des cellules tumorales.
Environ 500 à 600 personnes sont touchées en France par cette forme de mauvais pronostic. La molécule a bénéficié d'un accès précoce en France. « Nous espérons qu'à la lumière de ces données, les autorités de santé pourront approuver l'autorisation d'accès à cette molécule innovante », a déclaré le Pr Girard.
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