Après un cancer du sein, l’intérêt d’une surveillance régulière par mammographie est bien démontré : la survie en cas de rechute locale est meilleure en cas de détection précoce par mammographie.
Cependant, la fréquence idéale de cette surveillance reste mal établie. Et proposer un suivi à un rythme annuel — comme c’est souvent le cas en France — pourrait s’avérer excessif chez les femmes de plus de 50 ans.
Multiplier les examens pourrait apporter peu de bénéfices au-delà de cet âge : le temps moyen entre le repérage au dépistage et l’apparition des symptômes cliniques est de 12 mois chez les femmes de 40 à 49 ans, de 26 mois entre 50 et 59 ans, et de 43 mois entre 60 et 69 ans. Dans l’essai Florence, un délai de 35 mois était même identifié pour l’apparition d’un cancer du sein controlatéral.
Des mammographies trop fréquentes sont aussi associées à un surdiagnostic des rechutes plus encore chez les femmes après 50 ans que chez les patientes plus jeunes.
Dernier point à considérer : si l’observance aux mammographies dépasse 70 % au cours de la première année de rémission, dans les 10 ans, seules 50 % des mammographies annuelles sont bien réalisées.
Tous les deux à trois ans plutôt que tous les ans
Dans ce cadre, des chercheurs anglais ont voulu évaluer la possibilité de réduire le rythme des mammographies de surveillance à moins d’une par an chez les femmes ayant eu un cancer du sein opérable (invasif ou non) après 50 ans et en rémission depuis trois ans (1).
5 235 patientes ont été recrutées dans 114 centres du Royaume-Uni et randomisées pour réaliser une mammographie soit à un rythme annuel, soit à une fréquence moindre (tous les deux ans après une chirurgie conservatrice, et tous les trois ans après une mastectomie). En pratique, plus de 74 % des patientes avaient plus de 60 ans, 80 % avaient subi une chirurgie conservatrice et, si 87 % avaient eu un cancer invasif, elles avaient majoritairement développé de petites tumeurs de bas grade, ER positives. Ces participantes ont été suivies pendant une médiane de 5,7 ans.
Résultats, les mammographies bisannuelles ou trisannuelles ne font pas moins bien qu’une mammographie annuelle. Critère de jugement principal de l’étude, la survie spécifique au cancer du sein à 5 ans était ainsi de 98,1 % dans le groupe mammographie annuelle, vs 98,3 % dans le groupe mammographie moins fréquente (HR = 0,92, NS).
De même, il n’y a pas eu de différence significative de survie sans rechute à cinq ans : 94,1 % parmi les participantes ayant réalisé des mammographies annuelles et 94,5 % chez les autres.
La survie globale était aussi proche dans les deux groupes : 94,7, vs 94,5 % en cas de mammographie moins fréquente.
Les mammographies peu fréquentes plus anxiogènes ?
Au total, proposer des mammographies tous les deux à trois ans aux femmes de plus de 50 ans en rémission d’un cancer du sein opérable depuis trois ans est dans cette étude sûr et sans effet négatif sur la survie, la détection des rechutes ou de nouveau cancers primaires. « Les données de Mammo-50 pourraient être utilisées pour amender les recommandations sur la surveillance par mammographie chez ces patientes », avancent les auteurs.
Les résultats sont cependant à considérer avec recul dans la mesure où l’effectif de participantes présentait globalement des cancers moins à risque que la population générale. D’ailleurs, relativement peu d’évènements liés au cancer ont été enregistrés pendant le suivi. De plus, l’observance à la surveillance apparaissait meilleure dans le groupe mammographie annuelle (83 %) que dans le groupe interventionnel (69 %), en lien avec « des mammographies additionnelles réalisées surtout sur demande des patientes, suggérant que chez certaines femmes ayant eu un diagnostic de cancer du sein, une surveillance peu fréquente peut être vécue comme anxiogène », détaillent les auteurs.
(1) Dunn Janet A et al. Annual versus less frequent mammographic surveillance in people with breast cancer aged 50 years and older in the UK (Mammo-50): a multicentre, randomised, phase 3, non-inferiority trial. The Lancet. Volume 405, Issue 10476, p396-407, February 01, 2025
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