Que faire lorsqu’on apprend que l’on a un cancer et que l’on travaille dans une entreprise où chacun se connaît plus ou moins ? Doit-on en parler à son employeur, à ses collègues, quels sont les droits des patients en matière d’emploi ? Certes, de nombreux dispositifs d’accompagnement existent (visite de préreprise, temps partiel thérapeutique, reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé [RQTH]…), mais une étude auprès de 31 entreprises et 38 salarié(e)s touché(e)s par un cancer met surtout en avant l’importance de relations de qualité.
C'est à l'occasion de leur deuxième journée sur le thème « Concilier cancer et travail », après la première en septembre dernier, que le centre Léon Bérard (Lyon) et l'association Entreprise et Cancer ont présenté, ce jeudi 31 mars, les résultats de cette nouvelle étude menée au sein d'entreprises de moins de 250 salariés. Ce travail soutenu par l’Agefiph* a pour thématique le retour à l’emploi et l’impact de la qualité de la relationen entreprise.
Un employeur témoigne : « Je me suis adapté à ma collaboratrice, il faut de la proximité, de la bienveillance, une écoute chaleureuse. » Au contraire, une patiente ayant participé à l’étude est plus dubitative sur sa relation avec son employeur : « J'ai constaté de la maladresse dans la façon de s'adresser à moi durant mon arrêt maladie. J'avais un mot avec mon bulletin de paye et quand je le lisais, cela ressemblait presque à un avis de décès. »
Savoir communiquer son ressenti
Selon l’association Entreprise et Cancer, les relations sont faites de distance, nécessaire à la différenciation, et de proximité, nécessaire à la compréhension et au soutien. Dans une relation de qualité, chacun :
- accorde de l’importance à l’humain avant d’en accorder aux rôles sociaux ;
- s’engage dans un dialogue, un échange, une meilleure compréhension ;
- cherche à dissiper tout malentendu.
Une personne touchée par un cancer ne va pas forcément oser le dire à son employeur. Pourtant, un employeur rapporte être « incapable de (se) mettre dans la tête de quelqu'un qui est concerné ». Il paraît donc essentiel que le salarié tente de donner son ressenti.
Bien préparer le retour au travail
Dans l'étude, parmi les 38 salariés interrogés, 67,9 % ont été en contact avec leur manager direct pendant leur arrêt maladie et 64,9 % n’ont jamais eu de contact avec les ressources humaines. Au moment d’envisager la reprise du travail, il ne faut pas sous-estimer sa fatigue, ni surestimer ses capacités. En amont, il est intéressant de rencontrer le service des ressources humaines, le médecin du travail et le supérieur hiérarchique pour préparer au mieux son retour. Or, 54,1 % des salariés interrogés n’ont pas eu de visite de préreprise avant leur retour au poste.
Du côté des entreprises, il est intéressant de mettre en avant que 58,1 % d’entre elles affirment que leur salarié, touché par un cancer, a eu un contact avec les ressources humaines pendant l’arrêt maladie. Une très grande majorité des entreprises interrogées (60,7 %) ne connaissent pas l’ensemble des dispositifs mis à leur disposition pour les aider dans l’accompagnement de leurs salariés. L’information des entreprises et des salariés doit être améliorée pour permettre à chacun d’appréhender au mieux le retour au travail.
*Association de gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées
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