Des chercheurs INSERM, de l’AP-HP, de l’Institut Gustave-Roussy et de l’université Paris-Sud apportent des données importantes sur l’âge de la ménopause chez les femmes ayant eu un cancer dans l’enfance, moins pessimistes que les études américaines. Si l’équipe de l’unité mixte 108 « Centre d’épidémiologie et de santé publique » montre bien une avance de l’âge de la ménopause, elle ne confirme pas le risque élevé de ménopause précoce constaté outre-Atlantique. Pour Cécile Teinturier, l’auteure principale : « Cette étude apporte des informations sur les facteurs de risque de réduction de la fenêtre de fertilité des femmes ayant eu un cancer pédiatrique. Ces nouvelles données devraient permettre d’informer les patientes à risque de ménopause précoce pour leur conseiller de ne pas retarder leur première grossesse après 30 ans et de rassurer les femmes pour lesquelles le risque est faible. » L’équipe révèle ainsi que ces femmes, en particulier celles qui ont eu une ovariectomie unilatérale ou qui ont été traitées par des agents alkylants et reçu une dose d’irradiation au niveau des ovaires, ont une avance de 4 à 7 ans de l’âge moyen de la ménopause.
Les chercheurs ont analysé les données de femmes ayant eu un cancer dans l’enfance et qui étaient initialement suivies dans le cadre de la cohorte française Euro2k. Celle-ci, dont le but était d’étudier la mortalité chez des survivants d’un cancer pédiatrique, est composée de 1 522 sujets dont le diagnostic avait été posé avant l’âge de 18 ans entre 1945 et 1986. Parmi les 706 femmes ayant fourni un questionnaire détaillé sur leur état de santé, 32 % ont atteint l’âge de 40 ans, 7 % ont plus de 50 ans. L’âge de la ménopause était déterminé à l’aide des résultats d’auto-questionnaires, sans mesure des taux de FSH.
Un écart avec les États-Unis
Le statut pubertaire au moment de la prise du traitement est associé au risque de ménopause. Le risque maximal est observé chez les femmes ayant été traitées après le début de la puberté par des agents alkylants, tels que Cyclophosphamide ou Melphalan, qu’ils soient administrés seuls ou associés à une dose même minime d’irradiation au niveau des ovaires. La ménopause survient 4 ans plus tôt en moyenne chez les femmes ayant été exposées à ces agents. Le fait d’avoir eu une ovariectomie unilatérale est associé à une avance de 7 ans de l’âge de la ménopause (ménopause chirurgicale principalement).
La divergence de résultats avec les études américaines est sans doute due à la différence entre les populations, puisque la cohorte Euro2k a suivi très peu de lymphomes et de leucémies. « Dans cette cohorte, parmi lesquelles peu de femmes ont reçu une chimiothérapie à fortes doses pour transplantation médullaire, seulement 2, 1 % d’entre elles, soit le double de l’incidence de la population générale, ont développé une ménopause précoce avant 40 ans », indique Cécile Teinturier. La cohorte Euro2k va être étendue à tous les sujets traités pour un cancer solide avant l’âge de 18 ans et avant l’année 2000 en France, ce qui permettra d’étudier l’impact des chimiothérapies à fortes doses sur l’incidence de ménopause précoce.
Human Reproduction, publié en ligne le 15 novembre 2012.
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