La ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie Retailleau, et le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, ont dévoilé ce lundi 27 novembre les trois lauréats de l'appel à candidatures « Pediacriex23 » labellisant les centres de recherche intégrée d'excellence sur les cancers de l'enfant.
Une somme de 15 millions d'euros leur sera attribuée pour des projets de recherche dans le domaine de l'oncologie pédiatrique sur une période de cinq ans. Au programme : comprendre la résistance aux radiothérapies avec EN-Hope Smart4CBT (Nancy, Lille et Strasbourg) ; décryptage de l'oncogenèse pédiatrique avec le Paris Kids Cancer (AP-HP, Gustave Roussy, Institut Curie) ; et adaptation du parcours de soins à l'âge du patient avec South-Rock (centre Léon-Bérard à Lyon et Marseille).
Cet appel à projets « s'inscrit dans la stratégie décennale lancée en février 2021, et fait de la lutte contre les cancers pédiatriques un des objectifs prioritaires », se réjouit Sylvie Retailleau.
On estime que 2 260 enfants développent un cancer chaque année, pour un taux de survie de plus de 80 % mais qui n'a pas évolué depuis le début des années 2000, comme l'a déploré Aurélien Rousseau : « Il y a des révoltes qui sont saines, et le fait que les indicateurs ne bougent pas depuis 20 ans provoque ce genre de révolte », a-t-il déclaré.
Tumeurs cérébrales pédiatriques
Le projet EN-Hope Smart4CBT, qui regroupe les centres experts de l'Est et du Nord à Nancy, Lille et Strasbourg, vise à améliorer les connaissances sur le micro-environnement des tumeurs cérébrales pédiatriques, et sur leurs mécanismes de résistance aux radiothérapies. Les tumeurs cérébrales représentent 25 % des cancers des moins de 15 ans et 10 % des 15-25 ans.
« Trois formes sont particulièrement résistantes : le médulloblastome, le gliome de haut grade et l'épendymome », explique la Pr Natacha Entz-Werle, des hôpitaux universitaires de Strasbourg. Le projet comprend un volet de recherche en sciences humaines focalisé sur l'optimisation des soins et à l'aide à la décision thérapeutique. Même si les taux de survie sont élevés, « nous faisons face à une incurabilité, une résistance à la radiothérapie, une toxicité et des séquelles neurologiques et neurocognitives ainsi qu'une qualité de vie amoindrie », précise la Pr Entz-Werle.
En adoptant une approche multi-omique, les chercheurs vont tenter d'identifier les mutations initiatrices des mécanismes de résistance. « Nous allons essayer de comprendre les mécanismes de plasticité et d'adaptation des cellules hétérogènes et de leur structure en trois dimensions », détaille la Pr Entz-Werle.
Rapprochement entre trois poids lourds parisiens
Autre centre lauréat, le Paris Kids Cancer est issu de l'alliance entre l'AP-HP, Gustave Roussy et l'Institut Curie pour la recherche sur les cancers de l'enfant et de l'adolescent. Il s'agit « d'une première étape dans l'alliance de trois grandes institutions pour rechercher des solutions innovantes pour les enfants atteints de cancer », a insisté le Pr Olivier Delattre, directeur d'unité de recherche Cancer, hétérogénéité, instabilité et plasticité (U830) à l'Institut Curie. Le projet est divisé en trois axes : les mécanismes pédiatriques spécifiques qui transforment une cellule normale, souvent d’origine embryonnaire en cellule cancéreuse ; le développement d’immunothérapies ; et le développement d'outils pour mieux détecter et traiter les résistances.
« Les tumeurs rares de l'enfant sont très variées et différentes des cancers de l'adulte, il est urgent de comprendre et d'anticiper les résistances aux traitements actuels », résume le Pr Delattre. Chaque axe associera des groupes de recherche en sciences humaines et sociales, pour étudier la compréhension des maladies, des traitements et de la recherche, par les enfants, leurs parents et le public.
Travailler en réseau le long du Rhône
Enfin, le projet South-Rock associe les expertises des centres de recherche en cancérologie de Lyon (Léon-Bérard) et de Marseille, appuyé par un réseau structuré au cours des cinq dernières années dans la vallée du Rhône entre la capitale des Gaules et la cité phocéenne. Son objectif est d'intégrer les signatures moléculaires des tumeurs pédiatriques et d'y adapter de nouvelles combinaisons thérapeutiques. Les chercheurs veulent aussi étudier le comportement de la tumeur en fonction de l'âge du patient au diagnostic, et ainsi adapter les stratégies de soin et le suivi à long terme.
Un autre axe de recherche basé sur le partage d’expertise entre biologistes, épidémiologistes, et sociologues, sera développé pour mettre en place de nouveaux outils de prévention, à destination du grand public et des décideurs politiques. « Nous allons considérer le jeune enfant dans son environnement pour en comprendre l'impact et adapter la prévention », explique le Pr Patrick Mehlen, directeur du centre de recherche en cancérologie de Lyon.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?