Coloscopie virtuelle

Dans un dépistage repensé

Publié le 17/10/2013
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AVEC CHAQUE ANNÉE plus de 40 000 nouveaux cas et 17 000 décès, le cancer colorectal est le deuxième le plus meurtrier en France, alors que dépisté à temps il guérit 9 fois sur 10. Une situation paradoxale, qui découle en grande partie de la mauvaise adhésion au dépistage, tant chez les sujets à risque que dans la population tout venant. « Un nombre non négligeable de patients à risque ne fait pas de coloscopie régulièrement comme cela est préconisé et la participation au dépistage organisé dans la population à risque moyen âgée de 50 à 74 ans reste faible : de 31,7 % selon les dernières données de l’Institut de veille sanitaire, rapporte le Pr Yves Gandon. Un chiffre insuffisant pour pouvoir observer un quelconque infléchissement de la courbe du cancer colorectal au niveau national. Sans compter les limites du test utilisé actuellement (au gaïac) qui manque de spécificité et de sensibilité. Certes, le test actuel devrait être remplacé progressivement dès 2 014 par un test immunologique, plus sensible et plus spécifique, mais le problème de l’adhésion au dépistage demeure ».

Quelle pourrait être, dans ce contexte, la place de la coloscopie virtuelle, dont les performances sont nettement supérieures à celles de la recherche de sang dans les selles, mais qui reste un examen contraignant notamment du fait de sa préparation ? Suite à sa méta-analyse, la Haute Autorité de Santé a, en 2 011, reprécisé les indications de la coloscopie virtuelle, examen de deuxième intention dans un contexte diagnostique chez des patients à risque (symptômes évocateurs ou risque élevé du fait des antécédents), en cas de refus ou de contre-indication à la vidéocoloscopie ou chez des patients ayant un test de saignement positif et une contre-indication à la vidéocoloscopie. « Mais la place du scanner peut évoluer, en particulier grâce à un allégement des conditions de préparation, souligne le Pr Gandon. Dans la population à risque élevé, la vidéocoloscopie reste l’examen de choix. Il est en revanche tout à fait possible d’imaginer un dépistage à la carte dans la population à risque moyen, en offrant au patient, après une information précise, trois possibilités. L’absence de tout dépistage qui expose au risque de diagnostic tardif de cancer colorectal ; le recours à un dépistage par recherche tous les 2 ans de saignement occulte dans les selles, peu contraignant, mais à l’efficacité limitée ; ou une coloscopie virtuelle tous les 5 à 10 ans, examen un peu plus contraignant mais plus performant et dénué de risque. Cependant l’acceptabilité et l’impact de cette dernière proposition n’ont pas été testés en France. Nous attendons les résultats de l’expérience américaine qui devraient nous permettre de mieux étayer cette approche ».

Entretien avec le Pr Yves Gandon, service de radiologie et imagerie médicale, CHU de Rennes.

 Dr ISABELLE HOPPENOT

Source : Bilan spécialistes