Soins de support en oncologie

Décloisonner les pratiques

Publié le 22/11/2010
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PLUS DE 300 000 NOUVEAUX cas de cancers sont diagnostiqués chaque année. En progression régulière, le taux de survie moyen des patients à cinq ans, tous cancers confondus, atteint désormais les 60 %. De plus, « quand on regarde les 10 dernières années, on s’aperçoit que les taux de mortalité par cancers chutent de façon importante, de 18 % chez l’homme et 8 % chez la femme », souligne Dominique Maraninchi, président de l’INCa. Toutefois, si la cancérologie est l’un des domaines de la médecine où l’efficacité s’accroît régulièrement, les cancers et les traitements utilisés pour les combattre sont la source de séquelles importantes, dont la prise en compte est aujourd’hui un élément déterminant de la qualité de vie des malades.

Selon une circulaire ministérielle, les soins de support désignent « l’ensemble des soins et soutiens nécessaires aux personnes malades tout au long de la maladie conjointement aux traitements onco-hémato spécifiques, lorsqu’il y en a ». Ils répondent à de nombreux besoins, du traitement de la douleur à l’accompagnement en fin de vie, en passant par la prise en charge de la souffrance psychique et sociale.

Surtout, « ils soutiennent toutes les étapes de la maladie », indique le président de l’AFSOS, Ivan Krakowski. Le dispositif d’annonce, est par exemple, un moment clef du parcours de soins. Mesure phare du plan Cancer 2003-2007, il vise à accompagner la personne dans sa rencontre avec la maladie en lui permettant de bénéficier des meilleures conditions d’information, d’écoute et de soutien avec les différents professionnels de santé impliqués (psychiatre, médecin de la douleur, assistante sociale...). Ce dispositif, déjà expérimenté dans 58 établissements de santé, est en cours de généralisation sur l’ensemble du territoire.

Programme personnalisé.

Depuis 2003, plusieurs mesures ont été prises pour impulser une dynamique nouvelle et inciter à la structuration d’équipes de soins de support. En 2005 notamment, une circulaire a établi la concertation pluridisciplinaire comme l’indicateur essentiel de la qualité de la prise en charge du patient. « Le plan Cancer a conduit à une amélioration significative de l’organisation des soins, que ce soit à l’hôpital ou à domicile. On considère désormais qu’ils font partie intégrante de la cancérologie », poursuit Ivan Krakowski.

Les soins de support occupent donc une place importante dans le deuxième plan Cancer. « Donner aux malades les moyens de vivre décemment pendant et après un cancer est l’un des 5 axes fondamentaux du plan ». Il prévoit notamment « d’apporter un Programme personnalisé de soins à au moins 80 % des patients, contre 10 % estimés en 2009 ». La moitié d’entre eux devrait également profiter d’un Programme personnalisé de l’après-cancer.

Pour l’AFSOS, atteindre ces objectifs nécessite avant tout de décloisonner les pratiques et de favoriser une concertation transversale entre les différents professionnels de santé. Les soins de support nécessitent en effet une approche globale de la personne malade et supposent l’implication de l’ensemble des acteurs de soins impliqués en cancérologie. Le médecin traitant devrait également être systématiquement impliqué à tous les moments de la prise en charge. De plus, explique Pierre Bey, « si les soins de support doivent d’abord être effectués par les équipes référentes, on sait qu’il y a un besoin de compétences complémentaires dans les différents domaines concernés (physique, psychique, sociaux) pour au moins trois types d’actions : la formation des équipes, l’élaboration de référentiels et de recommandations médicales et la mise en œuvre de recherche sur les thèmes choisis ».

www.afsos.org.

FABIEN NIZON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8860