La perspective d’un transfert du pilotage des invitations à un dépistage organisé dans les mains de l’Assurance-maladie n'est pas pour plaire aux centres régionaux de coordination des dépistages des cancers (CRCDC). Dans un communiqué, leur association nationale, l’ANCRCDC, s’inquiète d’une « forme de nationalisation du dépistage », sans garantie d’une amélioration des taux de participation.
Depuis leur création en 2019, les centres assurent cette mission d’envoi d’invitation en lien avec les agences régionales de santé (ARS) et les directions de la coordination de la gestion du risque (DCGDR) et jouent un « rôle pivot » de coordination, selon un récent rapport de l’Inspection générale des Affaires sociales (Igas). Ils réclament depuis 3 ans des moyens (ressources humaines et technologiques, mais aussi gouvernance nationale) « pour aller au-delà de la mission première d’invitation et de suivi de la population et contribuer ainsi à développer l'"aller vers" souhaité à présent », rappellent-ils.
L’amélioration des taux de participation en ligne de mire
Mais c’est bien le renforcement de cet axe qui est avancé pour justifier le transfert d’une partie de leurs missions. « Alors que les taux de participation aux programmes de dépistage organisé sont très faibles, le déploiement de stratégies d'aller vers est essentiel pour convaincre les personnes les plus éloignées du système de soins de participer », rappelle Thierry Breton, directeur général de l’Institut national du cancer (INCa). Avec le transfert à la Cnam de l’envoi des invitations, les CRCDC « pourront se consacrer davantage à des tâches à plus haute valeur ajoutée, comme des interventions au plus près des citoyens », poursuit-il.
Cet argument ne semble pas convaincre l’ANCRCDC qui juge que « la déconnexion entre le suivi médical confié aux CRCDC et la gestion des invitations comporte un risque majeur de dégradation du service médical rendu ».
Lutter contre les inégalités territoriales
Les centres craignent aussi une « perte de visibilité locale nuisible à la promotion des dépistages organisés » et dénoncent une « contradiction avec la volonté de régionalisation » initiale. Ils se disent également « prêts » à « orienter une partie de leurs activités autour de la prévention », à « lutter contre les inégalités territoriales et sociales de santé » ou encore à « optimiser la prise en charge des personnes à risque élevé de cancer ».
Mais ils réclament pour ce faire « une meilleure visibilité, une clarification de leur mission de coordination locale et un plan de soutien budgétaire à la hauteur des ambitions partagées ». Les CRCDC demandent aussi à être intégrés au comité de suivi national de la Stratégie décennale de lutte contre les cancers (2021-2030), dont la première rencontre, le 5 décembre 2022, s’est tenue sans eux.
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