UN CRAN de plus gagné pour l’imatinib. Le premier inhibiteur des tyrosines kinases avait déjà entraîné une révolution dans le traitement de la leucémie myéloïde chronique (LMC) il y a quelques années. Une étude multicentrique française, dirigée par le Pr François-Xavier Mahon, vient de montrer qu’il est désormais permis d’espérer davantage qu’une rémission prolongée. D’après leurs résultats, la guérison pourrait être bel et bien obtenue chez certains patients, puisque l’imatinib a pu être arrêté sans rechute à 1 an. Il s’avère de plus qu’en cas de rechute, les sujets sont restés sensibles à la molécule lors de sa réintroduction.
Seul bémol mais de taille, les candidats potentiels à ces résultats sont rares. Si la survie moyenne des patients traités par imatinib est de l’ordre de 89 % à 5 ans et de 85 % à 8 ans, l’étude a inclus des individus en rémission moléculaire complète (RMC), ce qui représente environ 10 % de l’ensemble de ces sujets. Pour cette petite fraction de patients, la question de poursuivre indéfiniment l’imatinib, encore sans réponse jusqu’alors, se pose en effet avec plus de force.
Transcrits bcr-abl
Sur les 19 centres français participants, près de 100 patients, âgés de 18 ans et plus, ont été inclus dans l’étude entre juillet 2007 et décembre 2009. Tous étaient en cours de traitement par imatinib depuis au moins 3 ans, quelle que soit la posologie, et en RMC depuis au moins 2 ans. Lors du diagnostic, le chromosome Philadelphie était retrouvé dans 100 % des cellules de la moelle osseuse. Les hématologues français ont choisi de définir la RMC comme étant une rémission persistant plus de 2 années consécutives avec absence de transcrits leucémiques bcr-abl par RT- PCR quantitative. La rechute moléculaire était signée par un ratio bcr-abl/abl de ≥105. Le traitement par imatinib était alors réintroduit.
Sur les 100 patients inclus, 69 patients ont été suivis au moins 12 mois. À 1 an, 42 (61 %) ont rechuté (40 avant 6 mois, un à 7 mois et un autre à 19 mois). Autrement dit, la probabilité à 1 an d’être en RMC était de 41 %. Tous les patients ayant rechuté ont répondu à la réintroduction de l’imatinib. Parmi eux, 16 ont obtenu une baisse des transcrits bcr-abl, tandis que les 26 autres étaient de nouveau en RMC.
Des tyrosines kinases de 2e génération
L’imatinib est capable de contrôler la LMC à long terme, sans qu’il soit nécessaire de poursuivre le traitement indéfiniment. Il s’avère qu’en cas de rechute, les patients restent répondeurs. Le risque de résistance acquise semble très faible et il ne semble pas y avoir d’autres conséquences dommageables. Précédemment, il est apparu que les rechutes étaient plus fréquentes si l’inhibiteur de tyrosines kinases était stoppé peu de temps après l’obtention de la RMC.
Selon les auteurs, il est important que le protocole intègre la durée de la réponse en RMC si l’on veut interrompre l’imatinib. De plus, il apparaît que la majorité des rechutes surviennent rapidement, le plus souvent dans les 3 mois, sans aucun doute à partir de cellules leucémiques résiduelles. Là encore, une donnée cinétique importante à prendre en compte pour arrêter l’imatinib au bon moment.
La question est de s’assurer que l’éradication des cellules leucémiques est bel et bien obtenue. L’étude suggère que des patients ayant une LMC pourraient être guéris par un traitement par inhibiteur de tyrosines kinases. Il est permis d’espérer que les molécules de 2e génération se montrent plus performantes encore que l’imatinib.
The Lancet Oncology, publication en ligne du 20 octobre 2010. DOI:10.1016/S1470-2045(10)70233-3
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