La micro-échographie — ou micro-ultrasonographie de haute résolution — se développe depuis la fin des années 2010 dans les biopsies de prostate ciblées. La technique a montré qu’elle permettait de détecter les cancers de la prostate avec une meilleure sensibilité que l’échographie conventionnelle. Mais fait-elle pour autant aussi bien que la fusion IRM ? C’est ce dont les auteurs de l’essai randomisé multicentrique international Optimum, publié le 23 mars dans le Journal of the american medical association (1) ont voulu vérifier.
Pour ce faire, 678 hommes ayant une suspicion de cancer de la prostate (taux de PSA élevé, anomalie au toucher rectal) et n’ayant pas encore subi de biopsie ont été recrutés dans une vingtaine de centres, dans huit pays d’Amérique du Nord ou d’Europe, dont la France. Ces participants ont été randomisés pour bénéficier soit d’une biopsie guidée par micro-échographie seule, soit d’une biopsie guidée par fusion IRM et micro-ultrasons, soit d’une biopsie réalisée sous fusion IRM et échographie conventionnelle. En pratique, les hommes inclus avaient 65 ans d’âge médian, et un taux de PSA médian de 6,9 ng/mL.
La micro-échographie, non inférieure à la fusion IRM couplée à l’échographie traditionnelle
Le critère de jugement principal concernait la différence de taux de détection de cancers, de grade 2 ou plus, avec la micro-échographie seule, par rapport à l’association IRM/échographie classique. Les chercheurs ont aussi comparé ce taux entre la micro-échographie couplée à l’IRM, et l’IRM couplé à l’échographie conventionnelle — ce qui constituait le critère de jugement secondaire de l’étude.
Résultats, les performances de micro-ultrasonographie seule se révèlent non-inférieures à celles de la fusion IRM couplée à l’échographie conventionnelle pour identifier les lésions tumorales de grade 2 ou plus, et non inférieures également à la micro-ultrasonographie couplée à l’IRM : détection chez 47,1 % des participants du groupe micro-ultrasonographie seule, contre chez 42,6 % des patients du groupe IRM + échographie conventionnelle (soit une différence de 3,52 %, p < 0,001 pour la non-infériorité), et 46,9 % des patients IRM + micro-ultrasonographie (différence de 4,29 %, p < 0,001 pour la non-infériorité).
Approche transpérinéale plus performante en termes de diagnostic
Tandis que jusqu’à présent, les biopsies prostatiques étaient surtout réalisées sous échographie par voie transrectale (Trus), les biopsies sont de plus en plus réalisées par voie transpérinéale (Latp), toujours sous échographie. Cela repose sur un risque moindre de complications infectieuses que par voie transrectale et un accès théoriquement meilleur aux lésions antérieures et apicales.
Pour le moment, ce changement de pratiques n’est justifié que par des études de cohorte. Des essais contrôlés randomisés ont été menés pour tenter de comparer les deux approches, comme les études Perfect, Probe-PC et Prevent, mais toutes ces investigations ont manqué de puissance pour révéler d’éventuelles différences de performance entre les deux voies d’abord.
L’essai anglais Translate apporte aujourd’hui sa pierre à l’édifice (2). 1 126 adultes, reçus dans dix centres britanniques pour suspicion de cancer de la prostate (du fait, là encore, d’un taux de PSA élevé ou d’une anomalie au toucher rectal) n’ayant pas encore réalisé de biopsie de la prostate mais seulement une IRM prébiopsie ont été inclus. 564 participants ont été randomisés pour recevoir une biopsie par voie transrectale, 562 par voie transpérinéale, et tous ont été vus à j0, j7, j35, et à quatre mois après la biopsie. Le critère de jugement principal concernait la détection de cancers de stade 2 ou plus. Ont aussi été considérés les cas d’infection, d’hémorragie, de trouble urinaire et sexuel, etc.
Au total, la voie transpérinéale semblait meilleure pour détecter les cancers de stade 2 ou plus : 32 % de cas supplémentaires ont été identifiés dans le bras biopsie transpérinéale. Autrement dit, la supériorité de cette voie sur l’approche transrectale semble se confirmer en termes de capacité à détecter les lésions tumorales en présence.
Par ailleurs, le profil de sécurité se révèle à peu près similaire avec les deux voies d’abord — ou en tout cas, l’essai ne parvient, de nouveau, pas à mettre en évidence de différence significative — en termes d’effets indésirables urinaires ou sexuels à 4 mois.
Cependant, les patients semblent préférer la biopsie transrectale. « Les participants ont plus souvent signalé des douleurs et de la gêne avec la biopsie transpérinéale, par rapport à la biopsie transrectale (OR = 1,84) », détaille la publication.
(1) Kinnaird Adam et al. Microultrasonography-Guided vs MRI-Guided Biopsy for Prostate Cancer Diagnosis : The OPTIMUM Randomized Clinical Trial. JAMA. Published online March 23, 2025. doi:10.1001/jama.2025.3579
(2) Bryant Richard J et al. Local anaesthetic transperineal biopsy versus transrectal prostate biopsy in prostate cancer detection (TRANSLATE): a multicentre, randomised, controlled trial. The Lancet Oncology. Online first, March 23, 2025
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024