Cette année 2013 aura d’abord été marquée par la sortie, en janvier, de la nouvelle version du Guide de bon usage des examens d’imagerie médicale. Nous avons souhaité que ce Guide soit d’un accès le plus large possible, par voie électronique ou via les smartphones. Il s’adresse, dans une large mesure, aux demandeurs d’examens, c’est-à-dire aux médecins de médecine générale et aux autres médecins spécialistes. Mais il est clair que ses recommandations ne pourront être appliquées qu’à la seule condition que les pouvoirs publics donnent à notre pays les moyens de combler le retard qui est le sien dans le domaine de l’imagerie en coupe. Il y a urgence à mettre en adéquation nos plateaux techniques d’imagerie avec ce Guide, qui rappelle que l’IRM, par exemple, est devenue la modalité essentielle dans la prise en charge des cancers, aussi bien lors du diagnostic que du bilan d’extension puis du suivi thérapeutique des patients.
C’est ce même constat que l’on retrouve dans le rapport du Pr Jean-Paul Vernant remis le 30 août aux ministres de la Santé et de la Recherche en préparation du 3e Plan cancer. La Société française de radiologie a salué la qualité de ce rapport et sa compréhension des enjeux liés à l’imagerie. Mais nous avons profité de sa publication pour alerter, une nouvelle fois, sur une situation qui continue de se dégrader en termes d’égalité d’accès à l’innovation et aux meilleurs soins sur tout le territoire.
Le Plan cancer II n’a pas permis à la France de réduire les délais d’attente qui restent inacceptables dans un pays comme le nôtre, pas plus que les inégalités régionales. La moyenne nationale d’IRM par millions d’habitants reste toujours parmi les plus faibles d’Europe (10,1 IRM/million d’habitants en France contre 20 en moyenne européenne et jusqu’à presque 30 en Allemagne et au Danemark). Les préconisations du Pr Vernant vont dans le bon sens avec des délais acceptables de 14 jours en moyenne (soit deux fois moins qu’aujourd’hui) et un objectif de vingt machines par million d’habitants à l’horizon 2018. Mais est-il normal que les patients de notre pays doivent encore attendre 6 ans de plus pour arriver à un niveau d’équipement qui est déjà une réalité, aujourd’hui, dans les autres pays européens ?
Un autre défi est celui du développement de la radiologie interventionnelle, aujourd’hui entravé par l’accès restreint à l’IRM et au scanner, mais aussi par une démographie qui n’est pas à la hauteur des enjeux de santé publique de notre pays. Notre message sur la radiologie diagnostique et interventionnelle a été entendu par le Pr Yvon Berland, le président de l’Observatoire national de la démographie des professions de santé (ONDPS). Mais visiblement, ensuite, il n’est pas passé de la même manière auprès des conseillers ministériels. Pour les années 2013–2018, seulement 1 114 internes en radiologie seront formés et non les 1 300 qui étaient nécessaires et demandés par la spécialité à l’issue d’une large concertation. Si la France veut maintenir une égale qualité des soins, elle devra aussi adapter la démographie radiologique, en concertation avec l’ensemble des régions, et instaurer, comme nous le réclamons, des postes fléchés d’internes pour la radiologie interventionnelle.
Propos recueillis par Antoine Dalat
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