La dernière édition du Lancet rapporte l’histoire d’un homme de 60 ans, fumeur de bidis, présentant une gynécomastie/galactorrhée paranéoplasique. Décryptage de ce cas rare.
À Chandigarh en Inde, en septembre 2012, un homme de 60 ans se présente en consultation avec une douleur de l’épaule droite, une toux productive, une dyspnée persistante depuis 3 mois, une perte de poids établie à 5 kg associée à une anorexie. C’est un laboureur, fumeur, puisqu’il dit consommer 20 bidis (cigarettes indiennes) par jour depuis une quarantaine d’années. Il n’a aucun antécédent de douleur thoracique, de fièvre, ni d’hémoptysie.
L’examen clinique ne montre pas d’hippocratisme digital, ni aucune adénopathie, ou anomalie testiculaire mais une gynécomastie bilatérale : la pression du mamelon fait sourdre un liquide aqueux.
Un taux sérique de beta-HCG supérieur à 200 00 IU/L
La radiographie et le scanner montrent une masse thoracique (9,9 cm X 9,4 cm) située en haut du lobe pulmonaire supérieur droit mordant sur la crosse aortique et de multiples nodules disséminés dans les champs pulmonaires. La biopsie endobronchique révèle un carcinome épidermoïde.
Le taux plasmatique de beta-HCG est supérieur à 200 00 IU/L (normal inférieur à 5 IU/L) et le taux de 17 beta-œstradiol supérieur à 1 160 pmol/L (normal entre 45 et 609 pmol/L). Le test urinaire de grossesse est positif. Les fonctions urinaires et rénales sont normales ainsi que le taux de prolactine, de LH, de TSH, et de cortisol.
Plutôt dans des tumeurs d’origine pituitaire
Le diagnostic de carcinome épidermoïde non à petites cellules stade T4N2M1a avec différenciation choriocarcinomateuse et galactorrhée/gynécomastie paranéoplasique est porté.
La gynécomastie est une manifestation peu fréquente dans le cancer du poumon, indiquent les auteurs : 12 à 14 % des patients atteints de cancer du poumon ont une augmentation de la concentration sérique de beta-HCG et, près de la moitié, de la concentration urinaire. L’augmentation simultanée du taux sérique et tumoral de beta-HCG est plus fréquemment observée dans les cancers épidermoïdes non à petites cellules.
En revanche, les manifestations cliniques associées sont très rares. L’incidence des galactorrhées paranéoplasiques n’est que de 18 % et dans la majorité des cas, elles sont décrites au cours des prolactinomes et exceptionnellement pour des tumeurs non-pituitaires.
L’effet de la chimio
L’association gynécomastie-galactorrhée peut s’observer dans les atteintes irritatives de la paroi thoracique. Ici, bien que la tumeur soit thoracique, le taux de prolactine est normal et la galactorrhée est due à une sécrétion ectopique de beta-HCG par les cellules épidermoïdes pulmonaires. Les cycles de chimiothérapies associant paclitaxel cisplatine ont fait régresser la douleur, la dyspnée ; la gynécomastie a régressé et la galactorrhée, disparue.
Gynaecomastia, galactorrhea, and lung cancer in a man. The Lancet. April 2013
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