LA GRANDE majorité des patients traités pour un cancer colorectal par oxaliplatine découvre très vite un désagréable effet indésirable de la chimiothérapie. Ils deviennent hypersensibles au froid. Dans 95 % des cas, dès les premières perfusions réalisées, les patients constatent une moins bonne tolérance à la fraîcheur ou au froid. Prendre quelque chose dans un réfrigérateur, passer dans les rayons frais d’une grande surface occasionne des picotements des extrémités caractéristiques. Certes, la symptomatologie disparaît à l’arrêt du traitement. Pourtant elle peut s’avérer si perturbante que certains patients cessent leur traitement. Jusqu’à présent aucun traitement de cette neurotoxicité n’existait. Une équipe coordonnée par Emmanuel Bourinet (Institut de génomique fonctionnelle, CNRS/INSERM/universités Montpellier 1 et 2) tout en comprenant la physiopathologie du symptôme ouvre la voie à une possible thérapeutique.
Les Montpelliérains, en collaboration avec les universités d’Auvergne et de Nice, ont réalisé une expérimentation chez la souris. Les rongeurs traités par oxaliplatine montrent un comportement évocateur d’une hypersensibilité au froid. Une confirmation est apportée par l’étude in vitro au moyen d’une imagerie sur les canaux sensoriels isolés. Il existe une différence au niveau des canaux ioniques. Ces canaux en contrôlant les échanges au travers de la membrane cellulaire permettent le passage des informations. En les comparant à ceux d’animaux témoins, les neurones des souris traitées comportent moins de canaux inhibiteurs et davantage de canaux excitateurs. Le phénomène d’hyperexcitabilité est compris.
Une confirmation clinique a été rendue possible grâce à l’utilisation d’une molécule récente susceptible d’inhiber les canaux excitateurs, l’ivabradine. Testée à la fois in vitro et in vivo, elle a restauré un seuil normal d’excitabilité au froid des neurones.
Cette option thérapeutique offre un double avantage contre la neurotoxicité de l’oxaliplatine. Elle a recours à une molécule déjà commercialisée et donc bien connue (indiquée dans le traitement de l’angor stable chronique). Les autres neurones sensitifs ne sont pas affectés par le traitement, notamment ceux impliqués dans le toucher.
EMBO Molecular Medicine, publié en ligne le 23 mars 2011.
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