DE NOTRE CORRESPONDANTE
NISHIHARA ET COLL. SE SONT INTÉRESSÉS au dépistage par coloscopie ou sigmoïdoscopie en analysant les données de 89 000 participants suivis 22 ans dans la Nurses’ Health Study et la Health Professionals Follow-up Study. Ils ont recensé 1 815 cancers colorectaux dont 474 ayant entraîné la mort.
L’étude confirme que la coloscopie et la sigmoïdoscopie (avec polypectomie si besoin) réduisent l’incidence du cancer colorectal (de moitié environ), comparativement à l’absence d’endoscopie (15 % des participants).
Elle établit la supériorité de la coloscopie, seule à réduire l’incidence de cancer dans le colon proximal (première partie du colon), bien qu’à moindre degré dans le colon proximal par rapport au colon distal.
Le dépistage par coloscopie ou sigmoïdoscopie réduit ainsi la mortalité par cancer colorectal (réduction de la mortalité de 68 % avec coloscopie et 41 % avec sigmoïdoscopie, par rapport à l’absence d’endoscopie).
« La coloscopie est le test le plus utilisé aux États-Unis pour le dépistage du cancer colorectal, mais on n’avait pas suffisamment de données pour savoir dans quelle mesure elle réduit le risque de cancer du colon proximal et avec quelle fréquence elle doit être réalisée », explique le Dr Shuji Ogino, épidémiologiste à la Harvard School of Public Health (Boston) qui a codirigé l’étude. « Nos résultats suggèrent que la coloscopie est une technique efficace pour prévenir les cancers des régions distales et proximales du colon, tandis que la sigmoïdoscopie seule est insuffisante pour prévenir le cancer proximal ».
Dans une autre étude, Shaukat et coll. ont suivi les participants de l’étude randomisée originale du Minnesota (n= 46 551 personnes âgées de 50 a 80 ans), qui avait révélé il y a 20 ans qu’une recherche de sang microscopique dans les selles, une fois par an ou une fois tous les deux ans, réduisait la mortalité par cancer colorectal (de 33 % et 22 % respectivement), comparativement à l’absence de dépistage. Le dépistage avait été effectué entre 1976 et 1982 et entre 1986 et 1992. Après un suivi de 30 ans, l’étude montre que l’ampleur du bénéfice reste la même, suggérant un effet persistant même après l’arrêt du dépistage.
Coloscopie ou Hémoccult ?
Ces 2 études ne permettent pas de savoir quel test est le plus efficace entre la coloscopie et l’Hémoccult, préviennent Levin et coll. dans un éditorial associé. Ces deux études ne sont pas comparables, l’une étant observationnelle, l’autre randomisée. En outre, on dispose depuis peu du test immunochimique fécal (TIF) qui s’avère plus sensible que le test au gaiac pour la recherche de sang occulte dans les selles. Des études randomisées en cours devraient trancher.
En France, un dépistage gratuit du cancer colorectal est proposé aux hommes et aux femmes de 50 à 74 ans. Ils sont invités tous les 2 ans à effectuer un test Hémoccult. En cas de test positif, une coloscopie doit être réalisée (chez environ 2 % des sujets), le plus souvent sous anesthésie générale. Elle permet de détecter des polypes ou des lésions cancéreuses, qui sont en général retirées au moment de la coloscopie.
NEJM 19 septembre 2013, Nishihara et coll., Shaudat et coll., Levin et coll.
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