LA RADIOTHÉRAPIE, on le sait, réduit le risque de récurrence d’un cancer, favorise le contrôle tumoral et améliore la survie. Toutefois, avec l’amélioration de la survie, les risques à long terme (dont le risque d’apparition d’un second cancer) deviennent plus importants. Les tumeurs malignes observées chez les survivants d’un premier cancer constituent maintenant 18 % de tous les diagnostics de cancer dans les registres américains de surveillance des cancers (SEER pour Surveillance, Epidemiology and End Results). Par rapport à la population générale, les survivants d’un cancer ont un risque accru de cancer de 14 %. Ce qui est à mettre sur le compte du mode de vie, de la génétique et des traitements du premier cancer. Bien que des études épidémiologiques aient montré une association entre la radiothérapie et le risque de second cancer, on ne sait pas quelle proportion de seconds cancers peuvent être mis sur le compte de la radiothérapie.
Dans deux récentes études, le registre SEER a permis d’attribuer à la radiothérapie 5-6 % des seconds cancers solides après cancer du sein et 11 % après cancer de l’endomètre. Toujours grâce à SEER, les auteurs de ces deux études sont allés plus loin en s’intéressant à tous les premiers cancers solides de l’adulte traités par radiothérapie. C’est ce nouveau travail qui est publié dans « The Lancet Oncology ».
La cohorte étudié était composée de patients de 20 ans ou plus, chez lesquels un premier cancer solide invasif a été déclaré à l’un des 9 registres SEER entre le 1er janvier 1973 et le 31 décembre 2002. Ont été inclus 15 sites tumoraux traités en routine par radiothérapie : oropharynx, glandes salivaires, rectum, anus, larynx, poumon, tissus mous, sein, col utérin, endomètre, prostate, testicules, yeux, orbite, cerveau et système nerveux central, thyroïde.
Étant donné l’intervalle d’au moins cinq ans entre l’exposition aux rayons et l’induction de tumeurs solides, ont été exclus les patients qui ont survécu moins de cinq ans.
Un suivi de douze années en moyenne.
Au total, 647 672 patients adultes atteints d’un premier cancer ayant survécu au moins cinq ans ont été inclus dans la cohorte et suivis en moyenne douze ans. La proportion de patients qui avaient reçu une radiothérapie pour leur traitement initial variait de 23 % pour le cancer du poumon non à petites cellules à 79 % pour le séminome testiculaire.
Pendant la période de suivi, 60 271 (9 %) des patients de la cohorte ont développé un second cancer solide. Pour chacun des sites de premier cancer, le risque relatif (RR) de développer un second cancer solide associé à la radiothérapie était supérieur à 1 ; pour la plupart des sites, l’augmentation du risque était significative. Le RR ajusté allait de 1,08 pour les cancers de l’œil et de l’orbite à 1,43 pour le séminome testiculaire.
En général, le RR le plus élevé était vu pour les organes qui reçoivent habituellement des doses supérieures à 5 Gy ; le RR diminuait avec un âge avancé au moment du diagnostic et augmentait avec le temps écoulé depuis le diagnostic. « Nous avons estimé un total de 3 266 cancers solides qui pourraient être liés à la radiothérapie, ce qui représente 8 % de tous les patients ayant reçu une radiothérapie (ayant survécu un an ou plus) et 5 excès de cancers pour 1 000 patients traités par radiothérapie quinze ans après le diagnostic », précisent les auteurs.
« Une proportion relativement petite de seconds cancers sont liés à la radiothérapie chez l’adulte, ce qui suggère que la plupart sont dus à d’autres facteurs, comme le mode de vie et la génétique », concluent les auteurs.
Amy Berrington de Gonzalez et coll. Lancet Oncology, publication en ligne du 30 mars 2011.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024