« POURQUOI l’Hémoccult a-t-il été choisi par les autorités chargées du dépistage organisé du cancer colo-rectal (ministère de la Santé, Institut national du cancer, Caisse nationale d’assurance-maladie) », interroge l’Académie nationale de médecine. L’utilité du dépistage organisé dans la population âgée de 50 à 75 ans n’est plus à démontrer. Cependant, la technique fondée sur la recherche de sang dans les selles avec la réaction au gaïac, la seule préconisée jusqu’ici en France, a montré ses limites. Non spécifique du sang humain, le test Hémoccult manque de sensibilité (un cancer sur deux n’est pas détecté) et « est mal accepté par les médecins qui craignent d’inquiéter ou pire, de tranquilliser à tort leurs patients ».
Dans 23 départements pilotes où le dépistage a été mis en place avant sa généralisation à tout le territoire, le taux de participation n’était que de 33 % au lieu de 50 % nécessaires pour observer une diminution significative de la mortalité.
Il est urgent de changer.
« Il est urgent de changer de test », lance l’Académie, qui rappelle que la Haute Autorité de santé s’est déjà prononcée en faveur de la substitution du test Hémoccult par des tests immunologiques à lecture automatisée (« le Quotidien » du 21 janvier). La méthode « est maintenant validée et présente une spécificité et surtout une sensibilité très supérieures ».
De fait, les académiciens recommandent que les dépistages organisés mis en place dans les nouveaux départements utilisent la méthode immunologique automatisée. Une évaluation serait à prévoir après un délai de deux années. Dans les 23 départements pilotes, les dépistages organisés doivent être poursuivis selon les mêmes modalités. Toutefois, afin d’obtenir une meilleure adhésion du public, « il est indispensable d’associer aux médecins généralistes d’autres professionnels de santé : biologistes, pharmaciens, infirmiers ». Des évaluations régulières sont à prévoir. L’Académie souhaite que les efforts de recherche d’autres méthodes de réalisation simple et sans danger (analyse de l’ADN fécal, imagerie médicale) soient poursuivis et intensifiés.
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