LE MAL DU SIÈCLE, l’allergie, est-elle au fond un mal pour un bien ? C’est ce que laisse à penser une équipe de Copenhague en montrant que l’allergie de contact est associée à une moindre prévalence de certains cancers. Ces résultats concernant l’atteinte de type IV confortent le lien entre allergie et cancer déjà annoncé pour celle de type I. Voilà de quoi relancer la théorie de l’immuno-surveillance tumorale chez les patients allergiques, selon laquelle les symptômes allergiques sont le reflet d’une hyperimmunité.
Selon Kaare Engkilde et coll., il existe une relation inverse entre l’allergie de type IV et les cancers de la peau non-mélanomes dans les deux sexes, ainsi que les cancers du sein et les cancers du système nerveux central chez les femmes. Observation troublante, les chercheurs ont constaté à l’inverse que l’allergie de contact est associée positivement au cancer de la vessie. Ce qu’ils mettent en parallèle avec les colorations capillaires identifiées précédemment comme facteur de risque du cancer urologique. L’accumulation de métabolites chimiques au niveau vésical pourrait être en cause.
Registres croisés
Pour leur travail, les chercheurs ont croisé les données de deux registres, l’un hospitalier mené au centre de Gentofte ayant consigné près de 17 000 patients ayant eu des tests cutanés par patch pour une allergie de contact, entre novembre 1984 et décembre 2008, l’autre étant le registre national des cancers, le Danish Cancer Registry mis en place depuis 1943. Seuls les cancers comptant au moins 40 patients enregistrés ont été retenus pour l’analyse.
Au total, un peu plus d’un tiers des patients testés présentaient une réaction positive à au moins un allergène. La réactivité était plus importante chez les femmes (41 %) que chez les hommes (26 %). Un peu moins d’une personne sur cinq (19 %) a développé une tumeur, y compris bénigne. Dans ce groupe, 38 % étaient positifs pour une allergie de contact.
Allergènes spécifiques
Comme l’hôpital de Gentofte est situé dans une région peu exposée aux émanations industrielles (pesticide, caoutchouc synthétique, raffinerie pétro-chimique), le risque d’un biais lié aux conditions de travail est faible. Les patients atteints de dermatite de contact étaient testés pour les allergènes environnementaux les plus courants en Europe. Après occlusion pendant 48 heures dans le haut du dos, les patchs étaient lus à J2, J3 ou 4, et J5 ou 7. Le test positif était défini par un érythème et une infiltration homogènes au niveau de la zone concernée.
Comme il ne s’agit pas d’une étude prospective, les chercheurs concluent que le lien de causalité ne peut être affirmé sur ces seuls résultats. De plus, les auteurs précisent ne pas avoir tenu compte du tabagisme, qui peut être considéré comme un biais potentiel, puisque la cigarette est connue pour favoriser l’apparition de certains cancers et d’une allergie de contact au nickel. Néanmoins, ils soulignent qu’aucune association n’est ressortie pour le cancer du poumon et les cancers ORL, pourtant fortement liés au tabagisme. Il n’est pas exclu que le niveau socio-économique joue un rôle également. C’est peu dire qu’il serait intéressant de poursuivre les investigations afin de mieux préciser le curieux lien entre cancer et allergie, notamment en étudiant de plus près les associations en fonction d’allergènes spécifiques et des types de tumeurs.
BMJ Open, 2011. doi:10.1136/bmjopen-2011-000084
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