Les traitements de l’infertilité, les gonadotrophines (hMG et FSH) le citrate de clomifène (Clomid), n’augmenteraient pas le risque de cancers gynécologiques. Ce sont les résultats d’une large étude rétrospective américaine réalisée chez près de 10000 femmes traitées pour infertilité entre 1965 et 1988 et suivies jusqu’en 2010, qui vient d’être présentée au congrès de l’European Society of Human Reproduction and Embryology (ESHRE).
À deux exceptions près néanmoins, une pour chaque classe médicamenteuse. Pour les gonadotrophines, il s’agit des femmes n’ayant pas obtenu de grossesse au terme de la prise en charge et pour le clomifène des femmes ayant eu plus de 12 cycles de traitement.
Le virage du milieu des années 1980
Au cours des 30 années de suivi, ont été observés 749 cancers du sein, 119 cancers de l’endomètre et 85 cancers de l’ovaire. Jusqu’au milieu des années 1980, le clomifène est resté le traitement le plus prescrit. Alors que près de 40 % de la cohorte a reçu au moins un cycle de clomifène, le risque de cancer du sein invasif n’a commencé à devenir significatif (+ 69 %) qu’au-delà de 12 cycles administrés. Les résultats sont restés inchangés après ajustement sur les facteurs de risque de cancer du sein et les causes de l’infertilité. Le risque est resté inchangé pour les cancers de l’endomètre et de l’ovaire.
Des effets peut-être retardés
Quant aux gonadotrophines, les plus prescrites aujourd’hui, elles n’ont été prescrites qu’à 10 % de la cohorte, en général en association au clomifène. Le risque de cancers gynécologiques n’était pas majoré, hormis pour les femmes n’ayant pas obtenu de grossesse au terme de la prise en charge médicale. Pour le Dr Humberto Scoccia, de l’Université d’Illinois, l’un des auteurs de l’étude, « Compte-tenu du fait que la majorité des femmes traitées par gonadotrophines ont pris aussi du clomifène, il est vraisemblable que le risque majoré des femmes nulligravides soit le reflet d’un effet lié à l’infertilité plutôt qu’à la prise médicamenteuse ».
Malgré le caractère rassurant de ces données, les auteurs insistent sur la nécessité de poursuivre le suivi, compte-tenu de l’âge relativement jeune des femmes et du pic prévisible d’incidence des cancers plus tardif mais aussi de l’augmentation de la stimulation ovarienne par gonadotrophines à partir du milieu des années 1980.
Congrès de l’ESHRE, communication du 30 juin 2014
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