« LE NOMBRE de malades traités par chimiothérapie augmente rapidement : plus de 270 000 malades ont reçu une chimiothérapie en 2009, soit 24 % de plus par rapport à 2005. » Tel est le principal constat établi par l’InCA dans son bilan sur la chimiothérapie des cancers, réalisé dans le cadre du plan Cancer 2009-2013. Un des objectifs, précisé dans la mesure 21, est de garantir un égal accès aux traitements et aux innovations. L’augmentation conjuguée de l’incidence des cancers et de la démographie a entraîné une hausse du nombre de nouveaux patients, estimé à 358 000 en 2010 contre 320 000 en 2005, en croissance de 12 %. Cette hausse deux fois plus rapide du nombre de malades bénéficiant d’une chimiothérapie par rapport au nombre de nouveaux malades reflète, selon l’InCA, le fait que « la chimiothérapie est devenue un traitement de référence pour de nombreux cancers ».
Cinq pathologies.
Cinq pathologies cancéreuses – digestif, sein, poumon, gynécologie et hématologie – représentent à elles seules près de 78 % des chimiothérapies réalisées en 2009. L’élargissement des indications de la chimiothérapie a contribué à améliorer la survie et le taux de « guérison » dans de nombreux cancers parmi les plus fréquents. Le nombre de décès liés aux cancers a augmenté, de 146 000 en 2005 à 147 000 en 2010 (+ 0,5 %) mais la baisse des taux de mortalité pour 100 000 habitants s’est accélérée depuis dix ans, avec 16 % de décès en moins chez les hommes et 8 % chez les femmes. Cette tendance s’explique par la baisse de l’incidence de certains cancers, par le meilleur accès global aux diagnostics précoces, mais aussi les progrès réalisés dans le traitement, « y compris la chimiothérapie », souligne l’INCa.
Les indications principales de la chimiothérapie, rappelle l’institut, sont la récidive ou la présence de métastases. « Dans ce contexte défavorable sur le plan pronostique, les nouvelles pratiques de chimiothérapie ont grandement augmenté l’espérance de survie des malades, pour des durées parfois très prolongées, faisant parler de chronicisation de la maladie », relève le rapport. Certains cancers métastatiques, tels que les cancers colorectaux, les cancers du sein ou les cancers du poumon ont bénéficié de traitements classiques utilisés de façon prolongée, itératifs ou continus. Toutefois, « l’apport des nouvelles molécules a été considérable », note l’InCA.
De 2004 à 2010, 30 nouvelles molécules ont obtenu une première autorisation de mise sur le marché (AMM) en oncologie et ont été rapidement disponibles en France. Contrairement aux anciennes molécules cytostatiques, qui bloquent la croissance des cellules en phase de multiplication rapide, les nouveaux traitements, issus ou non des biotechnologies, ont des mécanismes d’action plus ciblés. Près de la moitié sont aujourd’hui des molécules de biothérapie, notamment la classe des anticorps monoclonaux, qui occupent aujourd’hui une place majeure.
Impact sur l’organisation des soins.
L’évolution vers des traitements plus personnalisés a des conséquences profondes sur la pratique et l’organisation des soins en cancérologie. Le typage moléculaire de la tumeur du malade avant son traitement devient indispensable pour l’accès à un traitement personnalisé. Aujourd’hui les 28 plateformes de génétique moléculaire hospitalières, offre un catalogue de 44 tests dont 11 sont effectués dans le cas de l’accès aux thérapies ciblées.
Si la chimiothérapie poursuit sa croissance en milieu hospitalier (hausse de 4,7 % par rapport à 2008 pour un coût de plus de 1 milliard d’euros soit 6,5 % de hausse par rapport à 2008), elle se développe aussi à domicile. L’utilisation de molécules par voie orale qui ne font pas l’objet de « réserve hospitalière », sont délivrées dans les officines et administrés à domicile, est en pleine expansion. Ainsi, l’imatinib (Glivec) est passé en 2008 au 8e rang des spécialités les plus vendues en officine (en valeur). Malgré ses indications limitées à des maladies rares, dites orphelines (moins de 1 500 environ nouveaux malades par an), mais cette thérapie ciblée est administrée à très long terme à des malades, qui ont une vie longue et quasi « normale » sans hospitalisations. L’arrivée sur le marché de ville de nouvelles autorisations de mises sur le marché pour le gefitinib (Iressa) et pour l’erlotinib (Tarceva) dans les cancers du poumon devrait contribuer à accentuer cette tendance.
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