PILIERS de la prévention et des campagnes de dépistage, les médecins généralistes méritent, dans un souci d’amélioration de la lutte contre le cancer, d’être entendus dans leurs difficultés mais aussi dans leurs attentes. Dans ce but, la Ligue contre le cancer a organisé, la semaine dernière, la « 1re rencontre nationale des médecins généralistes face au cancer ». « Les personnes atteintes de cancer continuent de demander avec force un accompagnement pendant et après leur traitement, que ce soit à l’hôpital ou à domicile. Or, cette prise en charge ne peut se faire qu’autour d’un pivot identifié et reconnu : le médecin généraliste », estime le Pr Gilbert Lenoir, président de la Ligue.
Sur le terrain, ce système connaît toutefois des failles. L’évolution de la démographie médicale conduit, tout d’abord, à de nombreuses disparités régionales. Selon la Ligue, les départements les moins bien pourvus en médecins généralistes affichent des taux de mortalité dus au cancer supérieur à la moyenne nationale (l’Oise serait ainsi à plus de10 %).
Par ailleurs, le généraliste peine souvent à trouver sa place dans la prise en charge des patients, notamment du fait d’un manque de contact avec le médecin spécialiste. « Il a été un peu court-circuité pour le dépistage du cancer du sein, admet Jean-Pierre Grünfeld, membre du conseil d’administration de l’Institut national du cancer et du comité de pilotage du plan Cancer 2009-2013. Il faut l’impliquer de manière plus importante. En revanche, il participe activement aux dépistages du cancer colo-rectal, puisqu’il fournit les tests aux patients. Il peut également intervenir dans la prévention du cancer du col de l’utérus en effectuant les frottis. »
De plus en plus de patients atteints.
Dans une enquête réalisée par la Ligue (en partenariat avec « la Revue du praticien et Global Média Santé) en juin, auprès de 565 généralistes, 65 % des médecins interrogés indiquent que les cancers représentent une situation en forte progression dans leur activité. Après l’annonce du diagnostic, 95 % d’entre eux ont conservé une relation étroite avec leurs patients mais seulement 48 % se disent satisfaits de l’information qui leur est délivrée par leurs confrères prenant en charge leurs patients pour un cancer. Pourtant, pour 91 % des praticiens interrogés, le travail en équipe, et principalement avec les médecins hospitaliers, est une évidence tandis que 70 % estiment que leur place dans la prise en charge des cancers n’est pas reconnue à sa juste valeur.
Les médecins généralistes disent s’impliquer pleinement dans la prévention et le dépistage des cancers : le sevrage tabagique (90 %), la vaccination anti-HPV (86 %), le dépistage du cancer colo-rectal (85 %) ou du cancer du sein (96 %) et l’information sur les dangers liés à l’exposition au soleil (85 %). Près d’un sur deux déclare effectuer les frottis cervico-utérins et 41 % veillent à leur régularité. Malgré cela, près de deux médecins sur trois estiment ne pas être bien informés sur le plan Cancer(67 %).
Trois pistes d’amélioration se dessinent. Premièrement, ouvrir l’accès à l’information : l’offre sanitaire et surtout sociale est insuffisamment connue de la part des généralistes. Deuxièmement, insister sur la formation : 84 % disent avoir besoin d’une formation en oncologie mais un sur deux déclare ne pas en suivre. Enfin, favoriser le travail en équipe pour que les initiatives qui émergent localement soient généralisées.
Présenté en novembre 2009 par le président Nicolas Sarkozy, le plan Cancer II a pour ambition de développer « une approche transversale de la prise en charge en renforçant le rôle du médecin traitant, allant jusqu’à la réinsertion dans la vie sociale et la réduction des inégalités sociales et géographiques ». Encore un peu plus de trois ans pour relever ce rude défi.
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