DE NOTRE CORRESPONDANTE
LE CANCER DE L’ENDOMÈTRE, le 4e cancer féminin par ordre de fréquence aux États-Unis, est souvent découvert précocement (stade I/II), lors d’un bilan de saignement d’origine utérine chez une femme ménopausée, à un stade ou il est accessible à un traitement chirurgical curatif.
Toutefois, lorsqu’il est diagnostiqué à un stade métastatique (stade III/IV), ce qui représente 28 % des cas, les traitements systémiques (chimiothérapie, hormonothérapie) ne donnent que des réponses minimes et de courte durée, et s’accompagnent, pour la chimiothérapie, d’une toxicité élevée.
Des thérapies ciblées ont été évaluées ces dernières années, mais aucune n’a été adoptée en pratique clinique courante.
Une équipe dirigée par le Dr Jorge Reis-Filho (Institute of Cancer Research, Londres) propose d’evaluer une nouvelle approche de thérapie ciblée pour les carcinomes endométrioïdes, la forme la plus fréquente des cancers de l’endomètre (75 à 80 %).
Cette approche repose sur le fait que 80 % des carcinomes endométrioïdes hébergent une perte de fonction du suppresseur de tumeur PTEN (Phosphatase and TENsin homolog).
Récemment, il a été montre que la perte de PTEN entraîne un défaut de réparation d’ADN par recombinaison homologue.
La réparation des cassures simple brin.
Ce type de réparation d’ADN, également altéré dans les tumeurs hébergeant une perte de fonction BRCA1 et/ou BRCA2, est essentielle pour la réparation des cassures double brin. IL est apparu que ce défaut de réparation d’ADN sensibilise les cellules aux agents qui causent des cassures double brin d’ADN, comme les inhibiteurs de la poly(ADP-ribose) polymérase (ou inhibiteurs de PARP). La PARP est une enzyme qui joue un rôle pivot dans la réparation des cassures simple brin ; si une cassure simple brin n’est pas réparée, elle sera éventuellement convertie en une cassure double brin.
Dans une étude in vitro, les chercheurs ont donc déterminé l’état PTEN de 8 lignées cellulaires de carcinomes endométrioïdes, et ont étudié leur sensibilité à un inhibiteur PARP.
Ils confirment que les cellules déficientes en PTEN (6 sur 8 lignées) sont bien plus sensibles à l’inhibiteur PARP.
« Nous montrons que les lignées cellulaires de cancer endométrioïde qui ont une perte de fonction PTEN, un événement très fréquent dans le cancer de l’endomètre, sont extrêmement sensibles à l’inhibition de la PARP », précise au « Quotidien » le Dr Konstantin Dedes (Institute of Cancer Research, Londres).
« Nous suggérons que les inhibiteurs de PARP devraient être évalués dans des essais cliniques chez les patientes atteintes d’un cancer de l’endomètre avance qui progresse ou récidive après les chimiothérapies conventionnelles. Plusieurs essais cliniques sont en préparation sur la base de nos résultats, mais le recrutement n’a pas encore commencé. »
Rappelons que plusieurs inhibiteurs de PARP sont déjà évalués en phase 1/2 dans le cancer du sein et de l’ovaire avance chez des patientes porteuses de mutations BRCA1 et BRCA2, avec des résultats prometteurs et peu de toxicité observée.
Science Transl. Med., 13 octobre 2010, Dedes et coll.
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