Rappelons les faits. Sur le plan scientifique, le test immunologique est tout d’abord plus sensible pour le dépistage du cancer colorectal (8 cancers sur 10 sont détectés versus 4 sur 10 avec l’Hemoccult) comme pour la détection des adénomes (4 fois plus d’adénomes avancés seront détectés avec ce test) ; mais aussi d’une plus grande simplicité (1 seul prélèvement facile de selles par piquage au lieu de 6 étalements sur 2 selles) qui devrait améliorer l’adhésion de la population cible. Le dépistage par test immunologique a donc le potentiel de dépistage et de prévention (par les adénomes) du cancer colorectal.
La Haute Autorité de santé avait validé dès 2009 le passage aux tests immunologiques. La secrétaire d’état avait promis en 2011 le passage aux tests immunologiques pour avril 2013.
La mobilisation de toute la spécialité sur cette thématique s’est faite sous l’impulsion initiale de la SNFGE. Le processus a consisté en plusieurs visites d’explication auprès des décideurs (conseillers du président, cabinet de la ministre, directeur général de la santé, responsables de l’INCA). Il a aussi compris une campagne médiatique très organisée dont l’impact sur la population semble avoir été intéressant, bien que nous n’ayons pas de moyen de l’évaluer. Côté gouvernement, nous mesurons beaucoup plus facilement les résultats : notre mobilisation a permis de lancer l’appel d’offres pour le test immunologique, qui semblait stagner dans quelque tiroir et de faire progresser l’idée d’un groupe de pilotage du cancer colorectal comprenant des représentants, entre autres, des différentes sociétés savantes impliquées en hépatogastro-entérologie et oncologie digestive. Nous avons découvert à cette occasion un mot nouveau, la « comitologie » ou la science de construire des comités de pilotage…
Cette action, dont nous espérons un résultat concret d’ici début 2015 pour la mise à disposition du test immunologique, est exemplaire de nos capacités de mobilisation des pouvoirs politiques lorsqu’un problème de santé publique majeur est en jeu. Les deux principales forces d’une spécialité dans ce domaine sont tout d’abord ses contacts politiques, le nombre et la richesse des personnalités impliquées dans nos sociétés savantes qui permettent d’avoir ces contacts, mais aussi sa capacité à organiser, réaliser, et financer (!) une campagne de presse. Nous nous réservons la possibilité de répéter ce type d’action grand public lorsque des actions majeures de Santé Publique doivent être prioritairement menées, à l’instar d’autres disciplines comme la cardiologie. L’objectif est double : d’une part faire progresser des questions médicales d’actualité (comme par exemple d’accélérer l’obtention d’un remboursement pour des dispositifs médicaux importants), d’autre part amener le grand public à comprendre les enjeux de notre spécialité.
Groupe de travail de la spécialité (Jean Faivre, Robert Benamouzig, Laurent Beaugerie, Jean-François Seitz, Bruno Richard-Mollard)
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