DE NOTRE CORRESPONDANTE
« SELON LE TEMPS nécessaire pour les essais cliniques de phase II et III, nous pensons que cette technologie sera introduite en pratique chirurgicale de routine dans les trois à cinq ans », laisse entrevoir dans un entretien avec « le Quotidien » le Dr Gooitzen van Dam (Université de Groningen, Pays-bas) dont l’étude est publiée dans « Nature Medicine ».
Le cancer de l’ovaire est de sombre pronostic car il est souvent diagnostiqué à un stade tardif. Le traitement le plus efficace repose sur la chirurgie de cytoréduction, si possible la plus complète, suivie d’une chimiothérapie.
Il est toutefois difficile pour le chirurgien de déterminer les marges précises de la tumeur ; il n’est guidé pour cela que par ses sens visuel et tactile et par son expérience. « Même dans les unités chirurgicales hautement spécialisées, 50 % des interventions sont classées comme non réussies car les échantillons excisés révèlent des marges positives à l’examen histopathologique », souligne le Dr Gooitzen van Dam. Cette limitation se traduit souvent par une rechute du cancer en raison d’une excision incomplète de la tumeur.
Une solution pour aider le chirurgien oncologue à visualiser l’extension de la tumeur et vérifier la bonne élimination des zones tumorales consiste à combiner l’imagerie en temps réel avec des agents fluorescents ciblant spécifiquement la tumeur.
Le récepteur alpha du folate, une excellente cible.
Puisque le récepteur alpha du folate est surexprimé dans 90 à 95 % des cancers de l’ovaire et qu’il est absent sur les cellules saines, il représente une excellente cible pour l’agent fluorescent.
Dans un premier essai pilote, van Dam et coll. ont donc choisi d’utiliser comme traceur fluorescent le folate, non toxique et peu coûteux, combiné à l’isothiocyanate de fluorescéine (folate-FITC).
Ils ont injecté ce traceur (folate-FITC, par voie intraveineuse) à 10 femmes qui subissaient une laparotomie exploratrice pour suspicion de cancer ovarien. Parmi ces femmes, 4 furent diagnostiquées avec un cancer épithélial de l’ovaire (2 séreux, 1 mucineux, 1 indifférencié), 1 avec une tumeur séreuse borderline, et 5 avec une tumeur bénigne de l’ovaire.
Les résultats sont prometteurs dans cette série limitée, avec une sécurité apparente du traceur et une identification spécifique et sensible du tissu tumoral.
La fluorescence est détectée chez les 3 patientes dont la tumeur maligne exprime le récepteur alpha du folate, mais elle est toutefois absente chez une patiente dont la tumeur maligne n’exprimait pas ce récepteur ; cette limitation peut être surmontée en identifiant les patientes FR-alpha-positive avant ou pendant l’exploration chirurgicale. Par ailleurs, chez une patiente ayant une dissémination péritonéale du cancer, la fluorescence visualise bien cette extension.
Le tissu sain, lui, ne montre aucune fluorescence.
L’imagerie en temps réel a ainsi permis d’exciser des dépôts tumoraux fluorescents de moins de 1 mm.
« En améliorant la détection de lésions cancéreuses de taille inférieure au millimètre, cette technique pourrait améliorer les taux de survie, mais cela reste à établir dans de futures études », notent les chercheurs.
« Des études plus larges, multicentriques internationales, seront nécessaires pour confirmer ces résultats et préciser la valeur diagnostique et thérapeutique de cette approche chez les patientes atteintes du cancer de l’ovaire », concluent les auteurs.
Nature Medicine, Gooitzen van Dam et coll, 18 septembre 2011
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