Le cartilage natif autologue de la cloison nasale, de l’oreille ou d’origine costale est le matériau standard pour la reconstruction chirurgicale de l’aile narinaire (lobule alaire) après ablation d’un cancer cutané non mélanome (carcinome basocellulaire, carcinome épidermoïde). Cette intervention peut en effet avoir une surface non négligeable et dépasser la moitié du lobule de la narine. Outre ses conséquences esthétiques, l’acte chirurgical compromet alors sa structure, mais aussi sa fonction.
L’ingénierie tissulaire a pour objectif de développer des substituts biologiques capables de restaurer, maintenir ou améliorer la fonction des tissus lésés. Cette technique fait appel à un biomatériau, synthétique ou biologique, dégradable ou non, utilisé comme matrice, laquelle est ensemencée avec des cellules cartilagineuses. Des molécules biologiquement actives, en particulier des facteurs de croissance, permettent alors aux cellules de se différencier et se multiplier.
Procédure
Au cours d’une première étude clinique chez l’homme, Ilario Fulco et coll. (Hôpital universitaire de Bâle, Suisse) ont cherché à évaluer si une telle ingénierie tissulaire pouvait permettre d’obtenir des greffons de cartilage assurant en toute sécurité la restauration d’un lobule alaire fonctionnel. À cet effet, ils ont recruté cinq patients ayant subi une exérèse de cancer cutané non mélanome au niveau du lobule alaire. Lors de la biopsie de la tumeur, les auteurs ont réalisé sous anesthésie locale un prélèvement cartilagineux d’une dimension de 6 mm au niveau du septum nasal. Des chondrocytes ont été isolés et cultivés pendant 45 semaines sur une membrane de collagène d’origine porcine qui a servi de matrice résorbable. Ils ont ainsi obtenu des greffons carrés de 25 mm de côté et de 2 mm d’épaisseur comportant 25 millions de chondrocytes. Ces greffons ont été façonnés en peropératoire et implantés après exérèse de la tumeur comme lors d’une reconstruction standard avec cartilage natif.
Stabilité structurelle
Six mois après l’implantation, les tissus reconstruits avaient une structure comparable à celle du tissu du lobule alaire natif. Après 1 an, les patients étaient satisfaits des résultats esthétiques et fonctionnels et aucun effet indésirable n’a été noté. La sensibilité cutanée et la stabilité structurelle de la zone reconstruite étaient cliniquement satisfaisantes, ainsi que la fonction respiratoire.
Ce résultat préliminaire ouvre la voie à une plus large utilisation de l’ingénierie tissulaire pour des reconstructions difficiles du visage comme le nez, la paupière ou l’oreille, éventuellement en faisant appel à une impression tridimensionnelle…
Fulco I, et coll. The Lancet 2014. Doi : 10.1016/S0140-6736(14)60544-4.
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