Le dépistage du cancer pulmonaire peut réduire la mortalité, espère-t-on. Mais comme dans d’autres cancers, en plus de dépister des tumeurs agressives, ce dépistage détecte aussi des tumeurs indolentes, qui ne se seraient pas manifestées cliniquement. Des auteurs présentent une estimation montrant que 18 % de l’ensemble des cancers pulmonaires dépistés par scanner basse dose sont des surdiagnostics (Edward Patz et coll. JAMA, 9 décembre 2013).
L’estimation du surdiagnostic a été réalisée dans le cadre de l’étude américaine « National Lung Screening Trial » (NLST). L’étude randomisée a comparé le dépistage à l’aide du scanner basse dose ou de la radiographie thoracique standard, chez 53 452 personnes à haut risque de cancer (sujets de 55 à 74 ans, avec une imprégnation d’au moins 30 paquets-années), avec un suivi de 6,4 ans.
Aucun moyen idéal
Au cours du suivi, il y a eu 1 089 cancers dans le bras scanner et 969 dans le bras radiographie. « La probabilité d’un surdiagnostic en cas de dépistage par scanner à dose basse est de 18,5 % pour l’ensemble des tumeurs, de 22,5 % pour les cancers non à petites cellules, et de 78,9 % en cas de cancer bronchiolo-alvéolaire. »
Il n’existe pas à ce jour de moyen idéal pour le dépistage du cancer pulmonaire, commentent les auteurs. L’étude NLST a montré une réduction de 20 % de la mortalité spécifique due à ce cancer, comparativement à la radiographie du thorax. Autrement dit, le dépistage réalisé chez 320 personnes évite un cas de cancer. Mais ce moyen comporte une limite, car nombre des tumeurs risquent d’être indolentes et sans manifestations cliniques. « L’évaluation des surdiagnostics est difficile, car tout ce que nous savons sur la maladie provient de malades symptomatiques », soulignent les auteurs.
Avec la radiographie standard du thorax, il existe aussi un excès de dépistage : des cas plus nombreux sans amélioration des chiffres de mortalité.
Modélisation mathématique
L’analyse présentée est réalisée « pour fournir une estimation empirique de l’importance du surdiagnostic dans le dépistage du cancer pulmonaire par scanner basse dose, de façon à comprendre l’impact sur un dépistage organisé ». Une modélisation mathématique des données et un suivi de plus de six ans y ont aidé.
« Les cas de surdiagnostic sont porteurs d’un impact négatif potentiel, du fait de la morbidité, du stress et du surcoût additionnel associés au traitement. »
Pour le futur, l’aide de biomarqueurs et de meilleures techniques d’imagerie pourraient permettre d’optimiser le dépistage pour envisager de l’organiser dans des programmes de masse.
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