Les médecins des Hospices civils de Lyon (HCL) sont les premiers en France à avoir acquis l’IRM-Linac Unity de la société Elekta. Cet équipement associe un accélérateur de particules de dernière génération à une IRM de qualité radiologique (1,5 Tesla), permettant de cibler la tumeur avec une très haute précision et d’adapter le traitement à chaque séance en fonction de son évolution. Le premier patient a été traité en juin 2021. Depuis, l’IRM-Linac a été utilisé chez 120 patients atteints de cancer.
« Comparée à la radiothérapie classique associée au scanner, la radiothérapie guidée par IRM nous permet de mieux cerner la zone que nous souhaitons traiter. L'image obtenue est d'une qualité nettement supérieure à celle d'un scanner, souligne le Pr Olivier Chapet, chef du service de radiothérapie des HCL. Nous pouvons adapter le faisceau d'irradiation à l'image du jour et donc au volume de la tumeur constaté lors de la séance de radiothérapie. »
Imagerie non ionisante, l'IRM n’ajoute pas de toxicité aux traitements, et lorsqu’elle est de qualité diagnostique (≥ 1,5 Tesla), elle offre une image similaire à celle obtenue en cabinet de radiologie. Elle permet ainsi de distinguer très clairement les contours de la tumeur et les organes voisins.
Vers une médecine personnalisée
L’IRM donne également accès aux caractéristiques intrinsèques de la tumeur, via l’analyse fine de l’image radiologique : vascularisation, zones d’hypoxie… Toutes les informations décelées grâce au décryptage de l’IRM donneront des indications sur la façon dont la tumeur réagira au traitement, afin de mieux l’irradier.
Dans ces conditions, l'analyse de l’image par IRM fait entrer la radiothérapie dans le champ de la médecine personnalisée. « Près de la moitié des patients que nous avons traités avec l'IRM-Linac présentaient un cancer de la prostate. Pour ce type de cancer, le bénéfice premier a été la précision du traitement. La radiothérapie par IRM nous permet en effet d'envisager de réduire les marges de sécurité autour de la tumeur afin de diminuer l'irradiation au niveau des tissus sains », note le Pr Chapet.
Autre point : « grâce à l'IRM, nous avons réussi à voir les structures pouvant être impliquées dans les troubles de l'érection et, notamment, les deux artères pudendales. Nous avons ainsi diminué la dose d'irradiation sur ces zones afin de tenter de mieux préserver la fonction sexuelle », ajoute le radiothérapeute.
La deuxième localisation la plus fréquente pour laquelle l'IRM-Linac a été utilisée aux HLC est le col de l'utérus, avec une trentaine de patientes traitées. « L'avantage majeur a été de pouvoir adapter, à chaque séance, le champ d'irradiation, en fonction de la position de l'utérus des patientes. Cela nous a permis de limiter le volume de tissus et d'organes irradiés, aux alentours de l'utérus et de mieux préserver le grêle du champ d'irradiation pour réduire les effets secondaires (troubles digestifs) après traitement », détaille le Pr Chapet.
La radiothérapie guidée par IRM est également utilisée pour traiter les cancers digestifs, ORL, les tumeurs du foie, du pancréas et du rein. « Concernant cette localisation, l'IRM-Linac est très innovante. Il s'agit même d'une nouvelle indication : elle nous a permis de traiter les patients fragiles, dont les tumeurs rénales étaient difficilement accessibles à d'autres traitements (chirurgie, ultrasons, cryothérapie), souligne le spécialiste. Elle nous a aussi permis de cibler les tumeurs sans être invasifs, c'est-à-dire, sans devoir poser une sonde. »
Des perspectives encourageantes
À ce jour, aucune statistique n'a encore été publiée sur les résultats de l'IRM-Linac auprès des patients atteints de cancers. « Mais nous savons déjà que ce traitement est très bien toléré ; il a très peu de contre-indications. La quasi-totalité des patients adhèrent au traitement. Le stress et l'anxiété des patients à l'idée d'effectuer une IRM (claustrophobie) n'ont pas été des facteurs dissuasifs », précise le Pr Chapet. Sur la centaine de patients reçus, seule une personne n'a pas pu être traitée : « la position allongée lui était impossible, en raison de maux de dos », explique-t-il, ajoutant que ces premiers résultats sont très encourageants.
Actuellement, deux projets de recherche ont débuté aux HCL : ils visent à étudier l'intérêt de l'IRM-Linac dans la préservation de la fonction sexuelle dans le cancer de la prostate et dans l'identification des zones de radiorésistance. Utilisée en routine dans 50 établissements à travers le monde, la radiothérapie guidée par IRM arrivera bientôt dans un deuxième établissement en France : le centre de lutte contre le cancer Eugène Marquis à Rennes.
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