Alors qu’une personne sur cinq a perdu son emploi cinq ans après le diagnostic d’un cancer, selon l’enquête l'étude ViCAN5 publiée en 2018 par l'Institut national du cancer (INCa), l’enjeu de la reprise d’activité reste majeur pour les salariés atteints de cancer. Une enquête, menée par l'association « Entreprise et cancer » et présentée lors d’une conférence au Centre Léon-Bérard de lutte contre le cancer de Lyon ce 21 septembre, met en évidence l’importance de maintenir un lien avec l’entreprise pour anticiper le retour dans les meilleures conditions.
Menée auprès de femmes ayant repris une activité professionnelle après un cancer du sein, d’entreprises de moins de 250 salariés, de proches aidants, mais aussi d’un oncologue et d’un médecin de santé au travail, l’enquête révèle surtout « une grande méconnaissance des dispositifs et mécanismes existants » pour reprendre le travail. Ainsi, 70 % ne connaissaient pas les aides et services mobilisables.
Un temps partiel thérapeutique à l'issue d'un arrêt maladie par exemple n’est mis en place que dans 24 % des cas, selon l’INCa, alors que le recours à ce dispositif est associé à davantage de maintien de l'emploi à 5 ans (84,6 % versus 68 % pour ceux qui n'en ont pas bénéficié).
De même, l’organisation d’une visite de pré-reprise − seule une visite de reprise est obligatoire − n'a pas été proposée dans près de deux tiers des cas (63 %), selon Entreprise et cancer, malgré ses bénéfices pour anticiper le retour du salarié dans l’entreprise. La reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé reste également « méconnue et envisagée comme une double peine », souligne l’association.
La nécessité de maintenir le lien avec l'entreprise
Les patients sont pourtant confrontés, à la sortie du cancer, à des complications pouvant gêner la reprise d’activité : difficultés de concentration, troubles de la mémoire, anxiété, troubles du sommeil, diminution de la force physique, fatigue ou encore douleurs chroniques.
« D’anciens patients évoquent parfois des nouvelles difficultés qui apparaissent jusqu’à plusieurs mois après la reprise : fatigue, réactions inappropriées de la hiérarchie et des collègues, charge de travail inadéquate, suivi médical et activité professionnelle difficile à conjuguer, perte de repères suite à un changement d’environnement de travail (départ de collègues, changements d’outils de travail) », ajoute l’association.
La reprise d’activité nécessite donc une prise en compte de ces spécificités. L’association recommande de rencontrer le service des ressources humaines et de prendre contact avec le médecin du travail qui pourra initier une visite de pré-reprise et envisager d’éventuels aménagements du poste de travail. Le maintien du lien avec l’entreprise pendant l’arrêt de travail apparaît essentiel, d’autant que 63 % des arrêts ont une durée supérieure à 9 mois, selon Entreprise et cancer, qui préconise également une « meilleure connaissance des effets du cancer et des traitements en milieu professionnel » et une meilleure utilisation des dispositifs.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024