Alors que le cancer de l’œsophage, huitième cancer le plus répandu dans le monde, reste de mauvais pronostic en raison notamment d’un diagnostic tardif, des chercheurs des universités d'Oxford et de Cambridge ont élaboré un outil pour prédire le risque sur 10 ans. Baptisé « CanPredict », il doit permettre d’identifier les patients à haut risque en vue d'un dépistage ciblé et d'une intervention précoce.
Ce travail, publié dans « The Lancet Regional Health - Europe », s’est appuyé sur la base de données britannique QResearch. Les dossiers de soins primaires anonymisés de 12,9 millions de patients, âgés de 25 à 84 ans, ont ainsi été utilisés pour développer l’algorithme prédictif. Dans cette cohorte, 16 384 cas de cancer de l'œsophage ont été identifiés (0,13 % de 12,9 millions). Une deuxième base de données, le Clinical Practice Research Datalink (CPRD), a été utilisée pour valider les résultats.
Plusieurs facteurs de risque prédictifs ont été identifiés : l'âge, l'IMC, l’indice de précarité (score de Townsend), le tabagisme, l'alcool, l'origine ethnique, l'œsophage de Barrett, la hernie hiatale, l'infection à H pylori, l'utilisation d'inhibiteurs de la pompe à protons, l'anémie, ou encore les cancers du poumon, du sang et du sein chez les femmes.
Cibler les 25 % de patients les plus à risque pour détecter 76 % des cancers
Les facteurs de risque mis en évidence par l’algorithme étaient conformes aux données de la littérature. C’est le cas notamment du tabagisme ancien ou actuel, associé à un risque accru de cancer de l'œsophage, quelle que soit l'histologie, mais aussi des affections œsophagiennes antérieures ou actuelles, associées à un risque accru d'adénocarcinome œsophagien. Ces résultats confirment « la validité clinique apparente des variables incluses comme prédicteurs dans les algorithmes finaux », jugent les auteurs.
Selon les résultats de leur modèle prédictif, le dépistage ciblé des 25 % de patients les plus à risque permettrait de détecter 76 % des cancers de l’œsophage qui se développeraient au cours des 10 prochaines années.
Ce premier algorithme de prédiction du risque absolu des cancers de l'œsophage à partir des dossiers de santé électroniques de soins primaires a ainsi le potentiel de changer la donne dans la détection précoce du cancer de l'œsophage. Son utilisation par les cabinets de médecins généralistes pourrait permettre, selon les auteurs, d’identifier les patients à haut risque, sans qu'ils aient à se présenter en consultation.
Des recherches supplémentaires restent néanmoins nécessaires pour évaluer le rapport coût-efficacité de son utilisation, poursuivent-ils. Son intégration dans les systèmes informatiques doit aussi être étudiée.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?